16 janvier 2007

Peur (marathon)

De l’intérieur, dans l’inertie la plus totale, la peur pousse mieux.

Me voilà déjà mort de peur alors que je ne suis pas encore né. Un monde gastrique – des entrailles jusqu’à la rate – un univers viscéral, voracement humain, où les tubes et les engrenages intestinaux filtrent et broient ce que l’Ogresse, ma mère, engouffre. Son but ici n’est pas de nous nourrir, non, le fruit de ses ambitions serait d’atteindre le titre de noble monstre. Peler les vergers – ces nobles ancêtres – jusqu’au dernier bourgeon, cuire les terres jusqu’à la dernière racine : Jupiter. Elle tâte la tête de ses hommes, dont la morphologie prend l’allure de fruits juteux qu’elle suce jusqu’au noyau, celui-là bien serré entre ses crocs. Les hommes y passeront tous, du premier jusqu’à moi-même. Elle est le nouveau monde de bien après père. Jamais plus de passé ni d’avenir pour ces hommes, jamais plus. Encore et toujours vert de peur, avant même que je devienne la pomme que j’aurais été. Elle aura tourné, coupé le pédoncule du fruit de ses entrailles : croqué la pomme.

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