16 janvier 2007

Mes draps vides à toi

J’écrivais quand tu as quitté par cette porte navrante de bois perdu, l’appartement d’un métal froid perdu dans le bois et la patère et – cette patère qui menaçait de s’effondrer sous le tas de manteaux tristes, non ça ne va pas, je n’écrivais plus quand tu as quitté non, je me trompe par ta faute ; je faisais bouillir l’eau de mon chaudron triste et je bouillais dans l’eau en toute indolence, mou je l’étais, sans comique et mon sang bouillait pour ton départ oui, tu quittais inlassablement sans entrelacements sans rien dire non ça ne va pas tu n’as rien dit et moi je brûlais, que mon eau était chaude et toujours aussi chaude qu’avant le chaudron, qu’avant le baiser de nous deux le soir d’hiver où tu ne m’avais rien dit, encore, rien dit du non ça ne va pas et tu quittais pour de vrai cette fois, jusqu’à la prochaine du je ne sais pas quand, à la prochaine parce que oui j’ai pleuré en éclats par les fenêtres de ce sous-sol d’appartement d’humeurs de draperies, mes draps vides à toi, déjà, les draps que je découpais en lambeaux, déchirais en morceaux comme du gazon dans un sac-poubelle, j’avais la gorge nouée dans le nœud de ma misère du genre de ça y est j’ai tout raté parce que non ça ne va pas et tu quittais avec le goût amer, une envie de me dire « take me back to the start », une phrase que seuls les idiots se font dire et redire parce que je n’ai pas su être ni le bon ni le mal, ni l’ami ni l’amour, ni la joie ni la joie de vivre parce qu’enfin, tu quittais et je ne retenais pas les choses, incapable de sortir quelque chose du genre de mon « donne-moi cette main rachel nous nous sommes perdus dans le bois de la porte et de l’appartement d’accord, vivons plutôt ensemble parce que moi j’adore quand tu manges avec moi à l’heure du souper » auquel je pensais et vivre de la sorte, de cette sorte-là, pour crier aux idiots que moi je t’aimais en un love just is de la simplicité du laisser vivre mais, comme tes yeux en rondelles me manquaient, ça n’allait pas faire de ma soirée une solitude heureuse et au contraire, j’ai pleuré en éclaté sur ma chaise de cuisine amochée parce que la vie est une chaise vide et une chose oui, une chose que j’ai à dire et – c’est que non ça ne va pas quand je pense à combien je n’écris plus depuis et à combien le départ de toi m’attriste, comme cet oiseau qui tombe de cette branche en plein hiver, comme ces tourtereaux brisés, comme cet éclat qui éclate, comme cet hiver que j’ai, comme toi seule sais le faire tempêter, et comme toi seule sait le faire cesser.

Aucun commentaire: