16 janvier 2007

Les gens d'à côté

Les gens d’à côté meurtrissent la serrure de la porte, nous voulons un lit, les grosses valises, les bagages lourds se cognent avec l’horloge : putain il est minuit. Les gens d’à côté arrivent de la gare, ils improvisent la chambre dans l’humide des rencontres. La dame, celle qui traîne tout, soupire vers l’éternel (on dirait qu’elle ne cessera pas), elle a la gorge d’un train incapable de s’empêcher de crier : alerte je suis arrivé, tassez-vous c’est moi qui passe, à moi les cuvettes, les oubliettes pour vessies enflammées, à moi les premières flatulences parce que moi, j’ai le ventre comme une bulle d’air chaude genre cinquante degrés celsius qui veut exploser. La dame explose à la toilette d’en face. Et au tour de son mari, si ce n’est pas son amant (eh bien quoi on ne sait plus de nos jours : même un couple avec des valises peut être un couple d’amants sans rien de plus). Eux, les gens d’à côté, entrent dans la vingt et un tant convoitée, toussent un peu beaucoup, reniflent leur nez gluant de sueur et d’allergies de toscane, puis ils se mettent à soupirer à deux comme des bêtes de champ juste avant l’abattoir. Lui, il sort le gouet, ftouche ! alors la dame rit sous ses marques rouges de peau étirée, elle sort le marteau ou l’enclume, on entend un grand pouf, ça c’est la rotule de l’autre qui sort du genou pour une balade roulante sur le parquet. Mais tout de même, l’homme a assez de force pour un dernier han ! d’homme, il la prend, han, sur ses hanches les jambes de la dame s’enlacent au lavabo splash ils le remplissent d’eau au cas où ils brûleraient vifs. Et ça y va, à pleine échelle oui en haut de l’échelle du lit superposé maintenant les amants superposés dans les airs frémissent de gros sexe sale de soupir de gorge de nous y voici je l’ai ça y est l’orgasme adieu barreaux d’échelles c’est plus fort que nous et plus fort que vous, ils éclatent de rire, les gens d’à côté ils savent vivre, ils rient, pas parce que lui il en a une petite non il en a une grosse, ils rugissent comme des loups mangeurs d’hommes dans les Alpes et moi, toujours et moi, eh bien moi j’ai les Alpes moi aussi, seulement, je veux dormir.

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