16 janvier 2007

C'est cruel

Nous regardions les photos d’animaux, de cockers et d’épagneuls et, je riais. J’avais confondu l’image d’un toutou, croyant qu’il s’agissait d’un animal bien vivant et, je n’avais pas de lunettes. Quand la télé sonnait de manière sympathique, je riais au fond de moi, à l’intérieur mais, je n’en dis pas toujours quelque chose alors, ton rire me plaisait. Le soir, nous nous sommes promenés, un chat se roulait de tout son long sur le trottoir et, tu le flattais tandis que moi, je riais. Nous jasions de choses étranges d’une étrange folie, nous parlions et, je riais au fond de moi, et cette fois, j’en disais quelque chose.

Nous descendions l’escalier jusqu’à l’appartement, avec le mousseux que j’ai ouvert non pas sans éclats, l’atmosphère présageait une soirée heureuse et, nous riions. Par la simplicité de ma générosité amoureuse que je t’ai expliquée, je choisissais les chansons que nous écouterions plus tard et, je le faisais pour ton sourire d’une douce folie. Je faisais pour toi ce que tu aimais, dans un verre sucré comme tu aimes et, tu riais.

Maintenant, comment les choses ont-elles pu mal tourner ? Ta folie m’a semblé tantôt joyeuse, tantôt cruelle et, comment as-tu pu me faire sentir détestable tout à coup ? Aussi détestable qu’un salaud qui n’a rien réussi, qui n’a pas réussi l’amour, qui n’a pas réussi la seule chose qu’il se devait de réussir… Ta folie semble s’accrocher aux choses aussi banales que celles-là, du fait qu’il nous est arrivé de faire l’amour et, comment peux-tu croire que je regrette tant de choses ? Je n’ai jamais regretté la façon dont nous faisions l’amour, je n’ai jamais regretté mes pulsions de désir et d’envie de toi ; j’ai seulement dit que d’ordinaire, j’essayais de ne rien bousiller entre nous. Il serait cruel que mes pulsions brisent tout, d’un seul coup d’éclair, ainsi je ne veux pas jouer avec le feu. Toujours est-il que, souvent, j’ai envie de toi et oui, il m’est arrivé de vouloir jouer avec le feu et je l’ai fait, et puis quoi ? Est-ce une raison, est-ce la raison pour laquelle nous devrions nous tuer ? Je ne vois pas pourquoi une chose aussi stupide que le sexe suscite une tristesse quelconque ; j’ai d’autres façons de t’aimer, toutes spéciales, et je t’en prie, le sexe n’en fait pas partie. Je préfère laisser le sexe aux autres qui savent probablement mieux que moi comment utiliser les pulsions et qui savent assurément mieux que moi comment prouver leur amour de la sorte, moi, je n’ai jamais été très habile.

Maintenant, que dois-je penser de tes sauts d’humeur ? Bien que j’aie moi aussi parfois des changements brusques d’humeur, je n’en fais jamais un terrible air bête comme si quelque chose n’allait pas ; mes sauts d’humeur ne me font pas tirer les couvertures du lit. J’ai mes étrangetés, mais elles ne sont à peu près rien à côté des tiennes qui m’attristent. Tes sauts d’humeur sont une sorte de folie qui survient comme ça, sans raison précise, sans prévenir et, moi aussi je suis fou mais, c’en est drôle et, nous en rions. Je cherche, je cherche, mais je ne trouve pas, pourquoi ta folie est-elle sans humour, pourquoi tourne-t-elle au dramatique…

Je m’inquiète. Les choses que tu imagines n’ont rien de réel pourtant, elles nous font pleurer. Et qu’en est-il de nos moments heureux ? Vas-tu me demander si je regrette d’avoir eu du plaisir avec toi, quand nous riions ensemble ? Vais-je regretter de t’avoir écrit ces mots parce que, hou, ça pourrait être vu trop attentionné ? Non, et il va de même pour tout ce que je fais… Je t’en prie, cesse de te poser les questions qui te font mourir car elles sont une bombe à retardement, poison : les questions que tu te poses m’en font poser à moi aussi et je meurs parce que tu meurs.

Nous habitons ensemble au même endroit, quoi qu’on en dise, dans l’appartement tantôt froid, tantôt chaud, dans le lit tantôt froid ; c’est l’occasion pour moi de valoir quelque chose, d’être un peu plus qu’un simple salaud, il faut que je réussisse… Je t’en supplie : ne retourne pas chez tes parents comme ça. Ce serait pour moi l’horreur d’un échec terrible, d’une cruauté inimaginable. Comme si tout à coup tu ne te rappelais plus nos moments heureux, les photos d’animaux et le chat sur le trottoir, comme si tout à coup tu oubliais toutes les fois où je t’ai fait rire, toutes les fois où nous regardions la télé, toutes les fois où nous nous chamaillions, toutes les fois où nous dessinions, jouions ensemble comme des enfants et toutes les fois où je te lisais des histoires au moment de dormir et… comme si tout à coup, tu perdais la mémoire…

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