25 avril 2014

L'amour no.2


L'amour est la capacité, une capacité d'abord, de penser l'autre, de se mettre pensif en l'autre, même quand lui-même devient tout à fait autre. Il est la capacité de saisir à bras-le-corps les envies de l'un et, au-delà des limites de notre propre contrôle, dépasser tout ce que l'autre aurait cru possible; il est la peur de se lancer nue tête, sans casque, vis-à-vis la chute dans l'espoir qu'encore demain le jour se poursuive au-delà du noir; il est là, l'amour, dans ces petits instants de crise résolue, dans ce sentiment de s'être guéri de tout abandon, dans la certitude avouée de vouloir rester «au cas où», dans la vision encore intacte de ce que nous aurions pu être, collés aux tas de soleils qui ont existé et que nous aurions pu voir dans le côte à côte; il est là l'amour, même s'il est souvent sans se dire, il est là chaque fois que le bien et le mal s'unissent dans une seule tête unique qui se veut être deux. 

24 avril 2014

L'amour


Mon amour comme l'impossibilité d'un rêve quand tout le monde y est mort mais qu'encore subsiste la possibilité d'un matin vivant, quand l'éveil sonne et qu'il est heure, qu'elle s'absout fausse la mort du lendemain; mon amour comme la beauté d'on ne sait où provenir, d'une toile visitée ou peinte, d'une ville lointaine ou juste là, dans mes bras comme dans un berceau, un croissant fertile vivant d'une civilisation entière qu'on puisse vivre à nous deux; mon amour, mon coeur vrai, ma vérité que jamais je ne n'oserais raconter, mes artères qui poussent au son de tes oreilles, et ton ouïe capable de prédire ma vie ou ma mort comme un suivi de témoin; mon amour légitime et durable pour lequel les parents ne veulent plus dire grand-chose sinon qu'ah oui vous êtes beaux, mais qu'encore je demande au reste de la face du monde de comprendre que la tienne demeure d'exception; mon amour belle, mon amour rêveuse pour qui les adjectifs ne se conjuguent plus; pour toi je dis que les mots seront toujours trop peu, et jamais mes phrases ne pourront imiter le centième de ce que tu me fais vivre...

16 avril 2014

Ceci est une fiction ou n'en est peut-être pas une (fichez-moi la paix je travaille à écrire de la littérature)


  • J'attends que tout se règle, même s'il est tard et que je sais que rien ne se réglera à cette heure-ci, j'attends quand même que tout se règle; j'attends furieusement, honnêtement, anxieusement, et je m'en remets sérieusement à Dieu. Je m'isole comme un être suprême dont les créations lui ont été arrachées. Prisonnier de ma propre cage, je serai jugé pour les mondes que j'ai construits. J'attends encore de connaître le mal que me causera l'incarcération. 

    On a tué un auteur. On a déjà tué ses idées. On lui a bloqué sa portée contreversée. On lui a injecté l'insomnie dans les veines. On l'a assujetti au tourment, au doute, à l'anxiété. On a créé pour lui un système dans lequel il est facile de le condamner. On s'est assuré de briser ses défenses, de le faire parler contre lui-même; on s'est rassuré d'une protection qui dépasse les mots. 

    J'attends ma peine. Je la sens déjà venir. Elle vient à moi sans que je ne l'en oblige. Je sens la sentence se verser comme si ce texte était mon dernier. À tous ceux qui aiment lire, je leur dirai qu'ils ont perdu un auteur. Aux autres, je souhaiterai que leur vie puisse continuer d'être chanceuse.

    Je suis désolé maman.

14 avril 2014

Coupable

Faut-il encore que je répète que je ne suis pas celui qui écrit? Faut-il encore que je rassure le lecteur qu'elles ne sont pas de mon ressort les idées véhiculées dans mes textes? Il me semble l'avoir dit 600 fois... Il me semble avoir 600 fois expliqué au lecteur que je n'étais pas moi. Et pourtant et encore, on m'arrête en croyant que mes idées sont les miennes...

Faut-il encore que je sache prouver que je ne veuille tuer personne après avoir écrit que j'avais l'intention de tuer quelqu'un? Faut-il que de nuances je sache atténuer mes descriptions? Faut-il qu'au final un texte soit platement écrit, nivelé par la censure, par la crainte et la peur d'un auteur qui n'ose pas? On m'a emprisonné pour un texte que j'avais écrit. Et je doute encore qu'il ait été légitime de me dire coupable de l'avoir écrit. Les mots sont une chose qui traverse l'esprit de tout humain. Les mots ne s'enferment pas. Les mots sont exempts de toute censure. Je n'aurais jamais cru le besoin de le dire. Les mots me semblaient célestes. Force est de croire qu'il existe des enquêteurs pour qui la portée littéraire n'existe pas.