16 janvier 2007

La lune

« La lune est bien trop petite, dit-elle.

« Jamais le désert tout blanc de la lune ne se plierait de la sorte. Il faudrait de grands vaisseaux d’or massif, comme dans nelligan, avec des ailes jusqu’à l’azur pour que les humains s’y déportent. J’ai peine à croire que le ciel voudrait d’une telle cohorte. »

Alors elle écrit.

Et vous devriez lire les vers dans les lignes de ses paumes qui se frottent, ce sont les psaumes d’une chaleur d’un sabot de cheval qui trotte.

Alors elle peint.

Et vous devriez voir l’esquisse d’une nature morte, sous sa plume ce n’est plus un simple tronc par lequel de frêles rameaux sortent, c’est un buste arrondi aux nervures fortes, un drapeau qu’une poutre supporte, une guerre opposant le vent et le marbre où l’objet l’emporte.

Alors elle chante.

Et vous devriez entendre l’écho des couloirs de sa gorge, des artères jusqu’à la crosse de l’aorte, et les rires qui en sortent. C’est un million de peines qu’elle avorte, dans son rire ce sont les baisers de la lune qu’elle rapporte. On y entend que dans les saillies d’une roche elle et moi pourrions tailler une grotte.

Alors elle ouvre la porte.

Et vous devriez lui voir l’esprit lunaire, ses lèvres blanches pleines de poussière comme heureuses que mon épaule ne soit pas morte. Et moi j’inspire à chaque fois qu’elle me chuchote : « je te suivrai si tu me transportes. Jusqu’à la lune ou ailleurs peu importe. »

Aucun commentaire: