30 mars 2007

Au royaume du chez soi

C’est une belle maison. Le toit vert c’est beau les toits verts j’ai toujours aimé. Mais je déteste le vert. Moi aussi, je déteste le vert.

Mais c’est une belle maison la passerelle à l’entrée, toute en fleurs, ça fait romantique sans tomber dans le quétaine je crois que j’aimerais habiter dans cette maison-là. Faudrait repeindre les clôtures blanches en jaune. Jaune foin. Jaune caramel ou jaune ocre. Qu’est-ce que tu dirais de jaune paille?

Jaune paille, ça m’irait. Moi aussi, jaune paille, j’aime.

Les fenêtres style européen j’adore. Moi aussi. Les grandes fenêtres, pas de rideau, tu peux voir quelque chose? Un peu. Si c’était pas du soleil, on verrait toute la cuisine.

Les auvents sont un peu sales. Est-ce que ça se lave, des auvents? Je pourrais en acheter d’autres, avec d’autres motifs, des lignes ou du quadrillé. C’est comme tu veux.

Des nuages. On peut voir la cuisine si on s’approche un peu. Tu crois qu’il y a quelqu’un là-dedans? Je sais pas. Y a une voiture de stationnée, c’est peut-être à quelqu’un.

Merde, une silhouette, là dans la fenêtre, c’est apparue à la fenêtre, de l’autre côté de la vitre, quelqu’un est passé, quelqu’un nous observe, vite sauve-toi!



***


On s’est sauvés juste à temps, on est corrects. Le bonhomme est pas sorti de sa maison. C’est drôle, on aurait dit un spectre. C’est vrai. Ça doit être à cause du soleil. T’as probablement raison. C’est le soleil.

On arrive bientôt chez nous. Encore un coin de rue! Moi je divise le chemin en trois parties inégales. Du métro joliette jusqu’au coin de sherbrooke ça fait un, à droite jusqu’au coin de chambly ça fait deux, après ça, à gauche jusqu’à chez nous ça fait trois ouais, je sais ça fait trois fois que tu me le dis.

C’est qui lui? Le gars qu’on vient de croiser? Oui, il me regardait, jusqu’à temps que je le regarde moi aussi, là il a arrêté. C’est normal. Les regards éloignent les regards, retiens ça. Chaque fois que les regards se croisent, ça dure jamais longtemps.

C’est bizarre. Des fois je regarde autour de moi, quand je lève la tête, je vois des arbres impossibles, des branches collées dans le ciel.

Je vois des maisons, des lampadaires, des trucs, mais dès qu’un être humain arrive dans le paysage, c’est lui qui attire toute mon attention, bang. C’est plus fort que moi. Je le regarde. Jusqu’à temps qu’il me regarde lui aussi. Et j’arrête à ce moment-là.

Ça recommence chaque fois que quelqu’un apparaît dans le décor. Je regarde, il regarde, je m’enfuis. Je dois avoir regardé trente mille êtres humains dans ma vie, mais jamais plus que deux secondes chaque. Si tu savais comme ça étourdit… Si tu savais… Je sais…

Des fois j’aurais envie d’en prendre un, de le regarder pendant trente mille heures. Je le lâcherais pas avant d’en avoir eu assez. Je l’observerais jusqu’au plus profond de sa tête, de son cœur, au complet. J’aurais envie de le bouffer tout rond, mais je le lâcherais juste avant. Après ça, je serais correct pour vivre sans être étourdi chaque fois qu’un être humain fait son apparition dans le paysage.

Ça étourdit trop, tellement qu’on voit pas clair.

O.k., mais nous, en ce moment, on pourrait se regarder sans problème, tu penses pas, oui, c’est sûr, mais c’est pas pareil, se regarder soi-même, c’est pas pareil, on est la même personne.

Les miroirs, ça compte pas? Ça compte pour se coiffer le matin, mais pas plus. C’est comme tu marches en te regardant les souliers. C’est pas gênant. C’est même plaisant.

Tiens, un autre. Encore, lui aussi, il me regardait jusqu’à temps que je le regarde. Ça veut dire quoi, ça veut dire que chaque fois qu’on se regarde, on regarde ailleurs. Retiens ça.

Je le retiens, mais c’est qu’ils font tous semblant que j’existe pas? Ils font semblant de pas me voir c’est ça. Je vais en prendre un, le regarder pendant trente… Non, c’est pas ça, tu te trompes. Ils savent que tu existes, mais ils font semblant que, eux, ils existent pas.

Dès que je me tourne vers eux, ils se retournent et semblent me dire « je te regardais pas, je t’assure, j’existe pas, t’occupe pas de moi, j’existe pas »!

Ils marchent à l’envers? Ils marchent à l’envers. Oui. Faudrait commencer par apprendre à marcher droit avant de marcher à l’envers. C’est justement ça, le problème avec les miroirs.


***


Mais qu’est-ce qu’ils foutent les gens dans leurs voitures. Celui-là m’a même pas vu traverser la rue. Merde, ça me fait penser. Les gens dans leurs voitures, des spectres. Comme la silhouette de la maison qu’on voulait jaune paille.

Des spectres, les gens dans leurs voitures, des spectres flous, avec les reflets qu’ils ont sur la peau derrière leur vitre, des spectres sombres. Tu te rends compte, six milliards de spectres qui se regardent pas. Merde!



***


Ça sent bizarre tu trouves pas. T’aurais pas oublié de laver le chaudron qu’on a fait le poulet dedans hier? Je vais ouvrir les fenêtres parce que j’ai l’impression que la maison est en train de pourrir.

Quand l’odeur sera disparue, est-ce qu’on invite quelqu’un? Qui? Je sais pas, un invité… Laisse faire.

À quoi ça sert d’avoir une maison? Je sais pas. Ça sert à nous loger. Ça sert à avoir une maison. Merde!


***


Vraiment. Des maisons, on en voit partout, des maisons stables avec les bardeaux et la porte d’entrée, mais aussi des maisons à moitié stables avec des roues qu’on appelle ça des voitures. Les voitures, que les gens sortent de leurs maisons pour voyager dans cette autre petite maison jusqu’au travail.

On a aussi les maisons instables. Le corps, la peau comme on dit. C’est une maison qui pourrit de jour en jour. Après ça, on a quoi? Un dedans. Mais, même les dedans ont des maisons.

Même dans les dedans, on a des greniers, des sous-sols, des trappes, des armoires, des tiroirs. Même dans les tiroirs, on a des pots avec des couvercles, des enveloppes, des petits paquets, des crayons pleins d’encre…

C’est le principe des poupées russes.

Vraiment, est-ce que c’est pour s’abriter de la pluie qu’on a des maisons? Les fenêtres style européen. Est-ce que, vraiment, c’est parce qu’on veut pas coucher dehors, qu’on se construit des maisons? Ou si c’est parce qu’on se cache d’autre chose?

On se cache du regard des autres. C’est du regard des autres qu’on se cache. Mais quelque chose a dû se passer, merde, pour que les chiens soient capables de se renifler le cul entre eux et pas nous, merde!


***


On cherche quoi, dans nos maisons, ce qu’on cherche? On cherche nos clés, nos pantoufles, nos papiers, nos crayons, on fouille, on se creuse les méninges, on creuse profond, on creuse des piscines. Mais qu’est-ce qu’on cherche?

On cherche la vie, peut-être. Tu crois? Qu’on passerait notre vie à se chercher une vie, quelque part, en dedans des maisons?

J’entends d’ici le monsieur à la télé, tu connais, le psychologue, dire que « y faut arrêter de chercher la vie, il faut la vivre ». Ah, merde de merde!

Tu penses quoi de ça? Je pense qu’il est dans le champ, ton psychologue. Sois pas méchant, je suis pas méchant, seulement faut pas arrêter de chercher : faut chercher mieux. C’est tout.

C’est pas dans les tiroirs d’une maison qu’on va trouver quelque chose.

C’est pas dans les tiroirs.

Tiroirs? Tu veux dire, les tiroirs comme ceux de la mémoire? Quand j’étais petit, on me disait que la tête c’était plein de tiroirs. Qu’on en ouvrait des fois, pour assimiler, qu’on en fermait des fois à long terme.

Oui, ces tiroirs-là. Il faut que tu les fermes, tous, un jour. Il faut que tu arrives à les détruire tous. Comment? N’importe comment. En écrivant. En t’efforçant d’écrire, de peindre, tu sais la passion, ces choses-là que t’aimes. Pourquoi? Parce qu’ils valent rien, les tiroirs, il faut les vider.

Vraiment? Ils sont bons à rien? À rien. Ils servent aux psychologues, à l’introspection, renferment un tas de questions. Existentielles? Oui, comme quand tu te parles à toi-même, comme en ce moment.

Si tu cherches quelque chose, tu vas le trouver une fois que tous les tiroirs vont être fermés.

Une fois qu’ils vont être tous détruits, un par un, tu vas pouvoir retourner à la maison jaune paille, regarder à la fenêtre. Tu vas voir, à l’intérieur, autre chose que ton propre reflet dans une vitre.

Autre chose que mon reflet? Je vais voir quoi?

Tu vas me voir, moi, à la fenêtre. Moi? Oui, moi! Je vais t’attendre!

J’ai l’impression de m’être dédoublé à la naissance... et d’avoir perdu une moitié de moi-même… quelque part, dans un précipice…

T’inquiète pas. Je vais être là, au complet, pas loin du tout, trois coins de rue encore, c’est pas long.
.

***


Il me reste à fermer trois ou quatre tiroirs et à entrer dans la maison jaune paille. Notre maison... Notre maison à nous, notre royaume, notre point de fusion! Tu seras là, promis? Comment je vais faire pour te reconnaître, Rachel? Si je ferme les tiroirs et que je perds la mémoire, comment je vais faire pour savoir où aller? Je me souviendrai pas!

Tu me fais rire! Tu vas le savoir, les couleurs, le jaune paille, que t’as toujours aimé ça! Les couleurs! Pourquoi tu fais pas confiance à l’amour? Ça te fait peur? Encore? T’as toujours eu peur, toi, et là encore, avec ta mémoire! Tu me fais rire, je t’aime, je vais être heureuse de te voir! Ah, tu te rends compte! Se regarder enfin!

Tes draps vides à moi

Dans quelle couleur ils vivent les orphelins rachel noir ou blanc? Dans quelle couleur ils vivent, les orphelins, noir ou blanc, t’as le choix entre deux couleurs, noir ou blanc, deux couleurs et pas plus, tu en choisis une. Une, pas plus. Noir ou blanc.

C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet je te le demande parce que je te sens comme tu me quittes, pour une dernière fois, et c’est possible que mes phrases se terminent là; c’est possible que j’arrête, que mes longues phrases sans fin aient une fin et que j’ose y mettre le point final à la fin, c’est possible, que tout se termine là, maintenant, avec toi qui me quittes comme je te sens.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

The great escape de Patrick Watson. C’est ta chanson. Celle que tu m’avais envoyée. Toi, ce que tes chansons peuvent faire… Ce qu’elles peuvent faire et moi, j’écris. Un texte. Ton texte. Ton texte et ce qu’il peut faire.
C’est dans le noir que je vis
***
C’est dans le noir que je vis

Refrain tu retournes vivre chez tes parents. Refrain tu retournes loin. Loin de montréal. Loin de l’appartement loin de moi. Loin. La ville t’écoeure, c’est ça dis-le. La ville t’écoeure…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet ça m’assassine. Couplet tu m’assassines. L’espèce de goût du suicide, son parfum mélangé à du sucre : « peut-être qu’y a moyen de se suicider sans se faire bobo? »
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

(Sûrement pas… staccato même à montréal, ça reste compliqué, ouvrir le robinet, mettre le bouchon dans le trou du lavabo, se pencher, se coller la tête dans le fond du lavabo, l’attacher avec de la corde ou du tape, attacher la tête, du crâne jusqu’au cou, du cou jusqu’au robinet, du robinet jusqu’aux épaules, des épaules jusqu’au miroir, du miroir jusqu’à la serrure de la porte, de la serrure jusqu’à la poignée, s’attacher comme y faut, se lier les mains derrière le dos, pour être sûrs, entendre l’eau monter, pchhh, la sentir monter jusqu’au menton, jusqu’aux lèvres, attendre de se noyer, attendre, mais paniquer, au dernier moment : « y a toujours moyen de s’en sauver en enlevant le bouchon du lavabo avec les dents. »)

C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ris pas. Silence c’est sérieux quand je dis que je pense à m’arracher les dents une par une. Ris pas. C’est sérieux. Quand je dis que j’y pense. À m’arracher les dents. Une par une.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Piano je voudrais que ce soit simple oui, oui si seulement je pouvais me donner la mort en pesant sur un piton dans le creux de mon nombril… Ça serait si simple oui… Ça ferait longtemps que j’aurais pesé dessus. Longtemps… Ça ferait longtemps…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ça ferait longtemps que je l’aurais accroché sans faire exprès, clic et tout s’éteint!; je serais mort en 1992, à l’âge de sept ans, dans la baignoire, monsieur william drouin a appuyé sur son piton en voulant le nettoyer comme y faut!
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Ris pas. Silence c’est bête comme ça. Dans ma tête, depuis que tu parles de retourner vivre chez tes parents, c’est bête comme ça. Bête comme ça…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois je me dis que si tu pars, à la minute où tu vas claquer la porte, l’appartement va changer de couleur, pour vrai, paf, du noir au blanc. Tout va virer blanc, même la nuit. Tout va virer blanc.

Tout va virer blanc et moi j’y verrai rien. Et moi j’y verrai rien. Avec mes yeux bleus, j’y verrai absolument rien…

Toi, le vide que tu vas faire…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet je resterai à l’appartement tout seul, tout seul, tout seul à m’énerver dans les draps ces draps si tu me quittes, à m’énerver de tics à te chercher me voilà à te chercher tout seul, tout seul, tout seul « non attends », peut-être pas tout seul, tout seul, tout seul : c’est possible qu’une coloc m’arrive de quelque part. Dans les journaux. Sur les babillards. Et que je te cherche avec elle. Et que je me finisse avec elle.

Et que je me finisse avec elle…
Et que je me finisse, avec elle…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet quand je pense aux couleurs, quand je pense à toi : le vide du nombril, c’est pire qu’un s.o.s. suicide, c’est pire les solutions.

Pire que les solutions faciles. Refrain rachel.

Refrain est-ce que ça se peut rachel que le présent se venge du futur, si le passé se venge du maintenant?

Refrain mon présent se demande. De questions stupides s’il vaut quelque chose. Il vaut quoi. Il se le demande. Dans le blanc. Chaque jour. Chaque jour blanc. Depuis que tu parles de partir.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Depuis que j’ai peur de t’imaginer dans la maison de tes parents. Depuis que j’ai peur.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Pont rachel mon présent il vaut quoi rachel mon présent est-ce qu’il vaut l’Amour?

Pont l’Amour c’est quoi si c’est mourir dans l’autre : je t’attends.
Pont l’Amour c’est quoi si c’est vivre dans l’autre : attends-moi.
Pont l’Amour c’est quoi si c’est vivre et mourir séparés : oublie-moi.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Adieu. Non c’est con dire adieu.

Couplet je vois pas comment un à dieu a pu virer en un adieu après tout ça, comment il a pu se recoller les morceaux o.k., l’orthographe c’est vrai, couplet, c’est toi qui disais que l’amour se fout de l’orthographe, mais j’ai à dire quelque chose et c’est qu’on va être séparés rachel on va être deux mots super poches ceux avec absolument aucun aucun accent circonflexe tu te rends compte ^^^^^^^^.

Ceux avec aucun accent circonflexe. Ceux avec aucun. Ceux avec rien.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain rachel j’ai quelque chose à dire rachel et c’est que l’orthographe se fout pas de l’amour rachel, le seul espoir qui nous reste, c’est que l’orthographe se fout pas de l’amour…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet ça existe encore, les sentiments rachel, même à montréal, ça existe encore. Et les artistes de montréal ils écrivent l’urbain, et les artistes de montréal ils écrivent, et l’absurde mais je te jure qu’il faut que tu arrêtes de lire, que tu arrêtes de lire les autres que je déteste et que tu ne lises que moi.

Et que tu arrêtes de lire. Seulement moi. Que tu arrêtes de lire et que ça existe encore… Quelque part... Les sentiments…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet si tu me quittes.
Couplet si tu me quittes on fera quoi de nos prénoms si tu me quittes on s’appellera monsieur-madame suivi du nom de famille. On va être qui… Si tu me quittes… des orphelins…

Des orphelins…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Couplet si tu me quittes tu vieilliras, tu me parleras la nuit, en rêve, je t’entendrai de loin, de très loin mais tes enfants diront c’est à qui tu parles maman?

Couplet si tu me quittes je vieillirai, je te répondrai, dans le vide de la nuit, et mes enfants diront c’est à qui tu parles papa?

Je parle à un-e vieil-le ami-e.

Disloqués…. déchirés… tous orphelins. Tous orphelins pour la vie.

wichel est morte. ralliam est mort.

Et notre identité elle va être quoi une fusion ratée et notre identité elle sera une fusion ratée.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois j’ai peur.
Refrain si tu pars, tu me laisses un appartement vide, des draps vides, un immense vide à remplir… au moins aussi gros que l’amour de ceux qui se disent je t’aime gros comme un éléphant et qui ajoute « non!... comme l’univers! ». Refrain si tu pars…

Gros comme une prison vide qui ne sert plus à rien, rachel, gros comme moi. Gros comme moi sur le point d’éclater.
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain des fois j’angoisse.
Refrain quand je dis que j’ai des étourdissements, c’est pas à cause de la drogue que j’ai fumée à seize ans non. C’est à cause des crises d’angoisse que je me suis découvert. La nuit. Quand les draps sentent toi et que tu t’évapores. Dans le blanc.

Et tu t’évapores dans le blanc et je désespère devant ce blanc…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Tu t’évapores et le bruit de toi qui s’envole, pchhh. C’est le bruit de toi qui s’envole, seconde par seconde, dans les draps. Un pchhh silencieux, il faut prêter l’oreille, et c’est pour ça que je dors pas. C’est pour ça, que je dors pas…

J’écoute le pchhh. Le bruit de l’angoisse. Douloureux c’est de la douleur. C’est de la douleur blanche, aussi blanche qu’une robe de mariée, aussi blanche, c’est comme descendre une montagne russe mais quelqu’un a pesé sur le mute.

C’est aussi blanc que d’avoir tout raté… Que d’avoir jamais été enfants tous les deux…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain quand j’angoisse je pense à toi qui ne me quittes pas. Et je me mens à moi-même « que tu ne me quittes pas ». Rachel ne me quitte pas et ça s’arrête. Sur l’oreiller, je cherche tes cheveux. Je les tâte. Je me dis qu’ils y resteront.

Parfois ce sont mes cheveux que je tâte. Parfois ce sont mes cheveux, mais parfois ce sont les tiens : je te jure que parfois ce sont les tiens…

Parfois ce sont les tiens qui glissent entre mes doigts…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Refrain 2 tu es retournée chez tes parents, refrain 2 c’est déjà trop tard pour se mentir.

J’essaie de me cacher dans le blanc. Je suis dans le blanc. Je suis dans un blanc complètement propre… Un gros blanc opaque, sans poussière aucune. Aucune poussière…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

À vingt ans, à cet âge-là, je croyais que tout le monde voulait être libre avec le prix du loyer. Chez tes parents c’est combien. Zéro mais, moi je vaux combien.

Moi je vaux combien. Je veux pas que tu me répondes l’éléphant ou l’univers, rachel, mais : combien gros je vaux?
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Combien gros je vaux…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Finale. Une prison vide, combien gros ça vaut, rachel? Combien gros je vaux, moi, quand j’ai l’air d’un orphelin avec des draps blancs autour du cou, depuis que toi tu es retournée d’où tu venais?
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Combien gros je vaut…
Je veut pas que tu réponde l’éléfant ou l’univerre, rachel…
Je veut pas…
C’est dans le noir que je vis
C’est dans le noir que je vis

Finale que t’as pas l’angoisse et le pchhh dans l’oreil…
Finale que c’est que tes parents t’aime que tu y retourne… Mais c’est dans le noir, rachel. C’est dans le noir, doré navant. C’est dans le noir que je vis…
C'est dans le noir que je vis...
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Notez que cet espace blog ne permet qu’une interprétation particulière du noir et du blanc dont parle le narrateur : veuillez donc imaginer un texte noir sur fond blanc, à moins bien sûr que le narrateur ait écrit en blanc, sur du papier noir, ce qui est peu commun (mais tout de même possible, compte tenu qu’il est fort possible qu’il ne s’agisse pas de papier noir, mais d’un fond d’écran noir).

29 mars 2007

Prêt à mourir

Préface
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J’ignore si ma mère était soûle durant toute sa grossesse, si mes parents m’ont conçu avec des flammèches ou des pics, si j’ai été traumatisé par quelque chose ou si j’étais un enfant heureux; j’ignore mille et une choses et, plus je vieillirai, plus j’en ignorerai. C’est une loi intransgressible de la mémoire et si je n’écris pas absolument tout, tout, tout, je n’y pourrai rien : je mourrai comme l’être le plus ignare de la planète.
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1985-2007
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Naissance le 31 juillet 1985, à Verchères. Enfance à la fois douce et compliquée, sur la rue Duvernay, près du fleuve Saint-Laurent.

À trois ans, premier accident : une chute de quatre mètres dans les escaliers. Les plantes du sous-sol amortissent la chute et me sauvent la vie. Je ne me souviens que de ma mère, prise de panique, qui nettoie mon visage plein de terre noire.

Des années passent. Je ne garde aucun autre souvenir, de ma naissance jusqu’à l’âge de six ans; pas un seul, ni même de la maternelle.

Je ne sais qu’une seule chose : je suis tombé amoureux de mon frère aîné, quelque part, au point de ne plus être capable de vivre sans lui.

À six ans, j’entre en première année. École primaire. Fraternise avec quelques élèves, mais ne me lie d’amitié avec aucun d’entre eux. N’ai pour ami que François Morency, un garçon en qui je vois mon frère, depuis que ce dernier ne trouve plus de temps pour moi.

Les regroupements d’amis commencent. François se lie d’amitié avec d’autres. Mon frère se joint à eux. Ils forment une bande d’amis. J’en fais partie, un peu malgré moi. Tous se rejoignent pour jouer au hockey sur la rue Viateur-Paradis. La plupart du temps, je ne joue pas. Ne suis pas assez sportif. Me recycle dans l’arbitrage et l’observation.

Premier trouble de perception : je ne parviens pas à distinguer ce qui est loin de ce qui est proche. Une lampe située à cinq mètres de moi me semble être aussi proche que le bout de mes doigts. Mon père m’aide à comprendre la perspective en tournant mes incompréhensions au ridicule. Je ris.

À la maison, ma mère propose de garder les enfants d’autres familles les jours de semaine. Des parents amènent leurs enfants. Je préfère jouer avec eux qu’avec les garçons plus âgés du village.

Mon père travaille beaucoup, rarement présent, mais demeure une figure très autoritaire. Si mon frère et moi faisons trop de bruit, il pique une colère et c’est toujours sur moi qu’il frappe. Mon frère n’ose jamais prendre ma défense.

Ma mère est douce et heureuse. Elle accueille un nouvel enfant, de mon âge exactement, dont les parents sont divorcés. Mon frère et moi devenons ses amis, mais cet enfant a de drôles de jeux. C’est la première fois que je touche à un pénis qui n’est pas le mien. Je n’apprécie pas.

À huit ans, mon premier amour voit le jour. Je sors avec elle. Ferme timidement les lèvres quand vient le temps de s’embrasser. Je la laisse pour une autre, puis une autre. Les étés sont longs. Ils durent des années.

Mon père apprend que ma mère l’a trompé. J’ai neuf ans. Réalise que mes parents boivent beaucoup trop. Plusieurs engueulades, mais ils ne divorcent pas. Sur le mur de ma chambre, je trace une ligne chaque fois qu’ils boivent trop à mon goût. Je cesse de compter au bout de deux mois. Quarante lignes.

Beaucoup de misère à m’endormir le soir. Déteste l’ivresse de mes parents. Ils font trop de bruit. Pour camoufler les engueulades, je ne dors jamais sans la musique de mon ventilateur.

Lecture des poèmes de Gilles Vigneault et de Félix Leclerc. J’ai onze ans. Je réalise que la poésie existe. Écris mes premiers poèmes sous la forme de joual, une écriture empreinte de québécismes et de folklore.

Désir profond de lire mon premier poème à mon frère. Il m’écoute et ne dit rien. Je goûte à la satisfaction qu’apporte l’écriture. Ne la quitte plus.

Entrée au secondaire, à douze ans, au Collège Saint-Paul de Varennes. Perte de mon seul et unique ami, François, qui se tourne vers de nouveaux étudiants de Varennes. La déchirure est grande. Ce garçon avait été le seul à m’avoir connu à un moment dont je ne me rappelle pas. Le seul repère qui pouvait m’assurer que j’avais bel et bien existé avant l’âge de six ans.

Je continue à jouer aux G.I. Joe sans lui. Me crée plusieurs histoires. Une en particulier, que je me répète sans cesse, chaque fois que je joue seul.

À Varennes, très bon étudiant, mes notes sont supérieures à la moyenne. Je n’ai aucun ami. Les étudiants se moquent de moi, de mes cheveux surtout, et certains m’en veulent plus que d’autres. Je découvre la bibliothèque. M’y cache. Apprends qu’un garçon m’attend à la fin des cours, un bâton de baseball à la main. L’atmosphère est de peur.

À ma troisième année au collège, écriture de Fleur, un poème obligé par le cours de français. Les impressions du professeur sont bonnes. Étonné par l’aisance avec laquelle j’invente les rimes et par la qualité du français, évidemment. Il exige de moi que je ne cesse pas d’écrire et que je lui montre, l’année suivante, de pareils poèmes.

L’année suivante, je ne revois plus ce professeur. Suis de moins en moins sérieux. Commence à m’affirmer. Pose plusieurs questions dont les réponses sont évidentes (« Pourquoi le ciel est bleu? À quoi servent les statues? C’est quoi un fruit? Pourquoi t’appelles-tu Benoît, et pourquoi y a-t-il un accent circonflexe sur le i de ton prénom? »). Les étudiants sont étonnés de ma « flagrante stupidité ».

Me lie profondément d’amitié avec Jonathan Flynn, un garçon de ma classe. Il est le seul à ne pas trouver mes questions stupides. Je passe tous les jours de la semaine avec lui et sa bande d’amis. Je souhaite le voir durant l’été, ce qui n’arrive pas. L’été nous sépare, puisque l’année d’après, je suis trop timide pour aller lui parler.

Rencontre Rosanne Pigeon durant l’été. En tombe amoureux. Apprends le langage des sourds muets pour pouvoir communiquer avec elle.

Dernière année au collège, mes résultats sont décevants. Mes parents n’en disent rien.

Première consommation de cannabis, à seize ans, au parc près du collège, durant l’heure du midi, en compagnie de deux garçons qui ne sont pas mes amis. Fume un joint. David ne finit pas le sien. Le fume à sa place.

De retour au collège pour le cours d’éducation physique, suis sous l’effet de la drogue et saute sur Jonathan. Nous nous étions provoqués, et la bagarre est agressive.

Dans l’autobus jusqu’à Verchères, j’ai l’impression de dormir éveillé. Crois que l’effet des deux joints s’en est allé avec la bagarre, ce qui n’est pas le cas.

Entends parler d’Einstein et lis au sujet de la théorie de la relativité.
Lis la biographie de S. Freud.

Perds le sens de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. Ignore pourquoi. Ai la certitude que les autres êtres humains n’existent que sous la forme de « robots » ou d’« illusions ». Ne crois pas à la souffrance des autres. Ne vois ni l’intérêt de la justice, ni l’importance de ne pas assassiner les « illusions ».

Naissance du « problème » : pendant six mois, je vis chaque jour dans un rêve peuplé d’illusions. Les visages se déforment selon l’attention que je leur porte et les perspectives sont constamment trompées. Chaque jour débute par une impression de ne jamais avoir été mis au monde et se termine par un étourdissement horrible.

Demande à mes parents de consulter un psychologue, mais ils refusent.

L’été est long et beau par moments. Désire avoir une relation sexuelle avec Rosanne, mais ne parviens pas à avoir une érection. Elle doute de mon désir. Je la rassure. D’autres occasions de faire l’amour se présente, mais je n’ai toujours pas d’érection.

Ai toutes les misères à expliquer mon « problème » à Rosanne. Elle me trompe avec un autre garçon. Je lui pardonne.

Inscription au Cégep de Sorel-Tracy, en Technique de Bureautique et Hypermédias. Rêve d’être écrivain depuis l’enfance, mais pense devenir graphiste.

Travaille à l’atelier de soudure de mon père pendant l’été.

Au cégep, obtiens de bonnes notes, mais les cours ne correspondent pas à ce que j’avais en tête. Les liens se resserrent entre mon frère et moi. Notre relation devient amicale.

Rencontre Marie-Hélène Cardin. N’ai jamais vu de fille aussi belle : qu’elle accepte de sortir avec moi, c’est pareil que de recevoir une médaille d’or. J’ai dix-sept ans.

Maintiens de force une relation déchirée avec Rosanne. La quitte finalement pour Marie-Hélène. Fin de mon « problème ». Explosion créatrice. Je me mets à dessiner et à écrire plus rigoureusement.

Découvre l’œuvre de Joan Miró.

Inscription au programme des Arts et Lettres, au Cégep de Sorel-Tracy. Me lie d’amitié avec Rachel Cloutier, amie de Marie-Hélène.

Rencontres avec le professeur André Paul’Hus. Lui propose de former des ateliers de création littéraire à l’intérieur du cégep, en dehors des cours. Personne n’est intéressé, sauf une dame qui n’écrit que des poèmes sentimentaux et mauvais.

Avec cette dame, je rencontre Paul’Hus. Lui apporte un poème, Bouffée en chambre de Baudelaire, dans l’espoir de pouvoir perfectionner mon écriture, mais il juge que ce poème n’a besoin d’aucune correction. Fin des ateliers de création.

Lis Balzac.
Lis Les Paradis artificiels de Baudelaire.

Écriture de Ballade de l’adultère, poème qui paraîtra dans le Recueil intercollégial de poésie.

Écriture de plusieurs textes (Quoy) qui formeront plus tard le Conscientisme. Peins une série d’exercices (œuvres abstraites, de Cratère jusqu’à L’Espagnol).

Conversations MSN avec Rachel. Plusieurs réflexions sur l’empirisme et le rationnel : elle considère qu’elle est empirique et que je suis rationnel. Je suis d’accord. Lui parle de mon « problème d’illusions ». Elle comprend.

Suis attiré par Rachel. Souhaite qu’elle tombe en amour avec moi.

Fin de semaine à Mont-Tremblant avec Marie-Hélène, mon frère, sa blonde, mon oncle et mes parents : la nuit du 30 juillet 2004, mes parents boivent beaucoup et se disputent. Ma mère couche avec un autre homme. Le 31 juillet, mon père a le visage en sang. Il s’est battu et n’a pas dormi. Il veut battre ma mère, mais elle se sauve. J’ai dix-neuf ans.

Toute médaille a un revers : Marie-Hélène ne supporte pas de me voir écrire et peindre constamment. Ne suis pas assez présent pour elle. Ne veux plus sortir avec elle et préfère rester célibataire.

Découvre la philosophie de Daniel C. Denett et de John Searle.
Lis Les Robots d’Asimov.

Peins mes premières œuvres conscientistes : Ourson (autoportrait), Lawrence, Lapin, Van-Gogh-Machine, Jeune garçon cachant un A.K., et d’autres.

Autres rencontres individuelles avec Paul’Hus. Il dit que mon style est devenu « trop verbeux ».

Deux autres poèmes sont publiés dans le Recueil intercollégial de poésie : Sans-titre 1 et Écran.

Finaliste au Marathon d’écriture.

Rencontres avec Anik De Repentigny, professeure d’arts visuels. Elle me donne plusieurs commentaires positifs au sujet de mes tableaux et me traite d’artiste « mature ».

Dès le départ, je suis en désaccord avec le style « trash » de De Repentigny et les idées post-modernes qu’elle tente d’inculquer aux élèves. Je préfère les formes réalistes et les rapports indifférence-sensibilité de la ligne.

Découvre le groupe The Arcade Fire.

Rédaction du Manifeste du Conscientisme, contenant plusieurs textes dont François et Tortue de bois. Souhaite retravailler Tortue de bois avec Paul’Hus, mais le texte ne lui paraît pas intéressant.

Exposition au cégep : la directrice veut m’acheter Jeune garçon cachant un A.K. Je refuse. Vente de quatre autres tableaux : sept cents dollars. Fin de la session.

Obtiens mon diplôme en Arts et Lettres. Les professeurs me considèrent, mais les élèves du programme critiquent sévèrement mon travail, disant qu’il manque d’originalité. Ils vont même jusqu’à dire que ce n’est pas de l’art.

Commence l’écriture de Troisième monde, un roman portant sur l’influence des objets.

Travaille à la station Shell de Varennes. Rachel entame sa dernière session en Arts et Lettres au cégep de Sorel-Tracy. Nous projetons de voyager en Europe.

Peins d’autres tableaux, dont Le Souvenir et Les draps nostalgiques, de style moins figuratif.

Rachel doit peindre neuf tableaux pour son projet de fin de session. Dans ces tableaux, elle mêle son style au mien. Plusieurs sont vendus lors de l’exposition. Les élèves cherchent à connaître l’auteur de ces œuvres, mais nous n’en disons rien.

Voyage en Europe.

Écris Carnet de voyage.

Ne termine pas Troisième monde. L’année que j’ai passée à l’écrire a été un long exercice où j’ai appris à écrire. Pense à terminer ce premier roman sur mon lit de mort, pour la beauté de l'affaire.

Inscription au programme d’Études littéraires, à l’Université de Montréal au Québec.

De retour de voyage, peins Contraste d’enfance, Paradigme Mécaniste, La rose perdue et Nature abandonnée.

Exposition au Symposium de Sorel-Tracy : Paradigme mécaniste est vendue.

Appartement à Montréal, en compagnie de Rachel.

Reçois un courriel de De Repentigny qui se sent trahie. Elle croit que j’ai peint certains tableaux à la place de Rachel. Nous lui répondons que nous ne sommes qu’une seule et même personne.

Peins Champ de blé avec oiseaux vers l’infini. Ne veux plus vendre de tableaux.

Écris près de trente autres textes. Préconise certains thèmes dont le malheur d’être masculin, la vérité et le mensonge, le désir de fusionner avec l’autre et le rapport à la mère.


Publié dans Main Blanche (Kamikaze, La traversée du jus rouge, Insulte à mon enfance, Mes draps vides à toi) et Lapsus (Carnet de voyage)

Ne vois que Rachel. Mon but est d’atteindre le « point de fusion »* avec elle.

*Point de fusion : Ce point spirituel transgresse la mort. Il est une parfaite harmonie entre les vérités de deux personnes, si bien que ces vérités deviennent mensonge aux yeux des autres : ainsi, le point de fusion permet à deux individus de devenir une seule entité sous un même nom, prénom. Il en résulte une sorte d’« enfant accompli », achevé et assumé, obtenu par l’union des deux personnes.

Compte tenu que nous naissons tous prématurés, aucunement prêt ni à marcher ni à réfléchir, la naissance doit bel et bien se faire une fois que nous sommes sortis du ventre de notre mère. Nous devons « naître » ou « s’accoucher soi-même » avec cette personne qui nous est destinée. Retrouver la « fusion » que nous avons perdue depuis que notre mère a accouché de nous, prématurément. (William, Essai sur le point de fusion)


L’écriture est pour moi la première étape pour parvenir au « point de fusion » avec Rachel.

Tente d’abolir l’absurdité et l’ironie dans la littérature contemporaine.
Tente d’abolir la poésie d’images.
Tente d’acquérir une écriture plus sentimentale.
Tente de montrer les effets d’une identité déchirée chez les êtres humains.
Tente de trouver une nouvelle façon d’écrire qui serait plus proche de la peinture.

Influencé par La mort de l’auteur de Roland Barthes et Écrire dans la maison du Père de Patricia Smart, tente d’écrire dans l’optique d’une « mort du lecteur » ou de la lecture.
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2007-

20 mars 2007

Mourir dans la maison du père

chapitre 1 : à l’imagination du lecteur
Rachel Cloutier





































chapitre 2 : le titre en indice

(à l’imagination du lecteur : la maison et le père)
(à l’imagination du lecteur, ce dernier écrit mieux que moi-même)










William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
Plus écrivain que mort
chapitre 3 : la mort du père

(les mots se rejoignent en un récit,
et/ou une sublimation par le conte)
(privilégier le temps présent)
Plus écrivain que mort
Plus écrivain que mort
Plus écrivain que mort
Plus écrivain que mort
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quelques odeurs de corps ou d’objet.
il y a eu ni homme, ni mariage.
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chapitre 5 : le dernier des chapitres

(ne pas négliger les majuscules)


.......ma relation disloquée avec la Mère;
.......mes allusions à Dieu.










William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
William Drouin
Rachel Cloutier
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chapitre 6 : la haine du contemporain
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(sur internet, surligner tout ça avec le curseur de la souris)
(surligner le texte jusqu'en bas, jusqu'en haut : l'ordre n'a plus de sens)
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris
surligner tout ça avec la souris :
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il n'y a de renouveau que si le lecteur est actif.
ET NON ATTENTIF.
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il n'y a de renouveau que par l'écriture.
ET NON PAR LA LECTURE.
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