3 septembre 2011

Pas le droit d'effacer

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J’ai essuyé mon, j’ai dû, je ne sais pas, mon clavier, merde j’ai envie de dire merde parce que j’ai essuyé la bière sur mon clavier et c’est trop tard maintenant je ne pourrai jamais reculer en arrière. Ce qui est écrit est écrit. Zut fuck.



L’année dernière, j’ai commencé à écrire un roman. Ça s’appelait « Les Grenouilles de l’argent étang ». J’en étais à la centième page quand, tout à coup, j’ai commencé à effacer de longs passages pour les remplacer par de nouveaux, que j’effaçais pour en écrire d’autres, que je trouvais meilleurs mais que j’effaçais quand même, au cas où je trouverais quelque chose de mieux à dire, jusqu’au jour où enfin je n’ai plus eu d’idée ni pour remplacer ni pour écrire. C’est à ce moment-là que mon roman a cessé d’avancer. J’ai bien compris que, si je voulais un jour écrire un roman en entier, il fallait que je le fasse d’un seul jet.



Ce soir, je m’étais dit que j’allais écrire un roman en entier sans le retravailler. Cette fois, je m’étais dit que tout ce que j’allais écrire devait être gardé. Comme Julie est cochonne, par exemple, elle me fait ouf. Pas le droit d’effacer. Et juste comme j’écrivais le titre de ce nouveau roman, j’ai renversé de la bière sur mon clavier. Et quand elle en boit, on dit qu’elle peut vous sauter dessus sans même que vous lui ayez fait quelque avance que ce soit, et c’est bien le propre de la grenouille. La grenouille saute avec sans sexe apparent sur le premier nénuphar venu. On dit qu’elle jette sur lui tout son amour, prend d’autres gorgées et plus elle se fait baiser plus elle en redemande. Je parle des grenouilles évidemment.



La grenouille sort sa langue sur les mouches comme sur les hommes, les attrape et ouvre ses cuisses que l’on mange, souvent, dans les restaurants sur la rue où je suis déjà allé et où j’ai baisé avec elle. La grenouille est comme ça. Elle baise avec vous et puis, le lendemain, elle vous conjure de ne plus jamais recommencer à moins que vous le vouliez. Elle quitte l’étang avec en bouche encore l’odeur des mouches que vous lui avez donné à manger et, un soir, comme ça, elle vous demande d’écrire un roman pour elle. Vous n’avez jamais écrit de votre foutue vie mais si c’est ce que ça prend pour qu’elle revienne, vous vous y mettez ardemment. Vous travaillez, puis retravaillez, puis effacez pour lui plaire.



Enfin un soir vous vous dites que vous lui écrirez un roman d’un seul jet. Vous l’écrirez en un rien de temps et vous aurez la baise que vous espérez. Mais la simple idée de ce jet vous fait penser à elle. La grenouille. Et vous vous foutez bien que l’étang soit or ou argent, pour vu que Julie vous y emmène et qu'elle ait assez bu pour vous pardonner les directions indiscrètes de votre premier jet.

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