30 septembre 2011

Amours alcooliques

Quand elles ont bu un verre de trop, les femmes téléphonent souvent aux hommes avec leur cellulaire. Elles leur laissent des messages auxquels les hommes ne répondent pas parce qu’ils sont occupés à conduire leur voiture même s’ils ont bu un verre de trop.



Nous vivons dangereusement.



Quand elles n’ont pas bu, les femmes conduisent parfois. Quand ils n’ont pas bu, les hommes conduisent en parlant au cellulaire.



Nous vivons dangereusement.



Quand les femmes et les hommes se rencontrent, ils prennent un verre de trop ensemble. Ils conduisent la voiture ensemble, tout en parlant ensemble. Les hommes disent que les femmes devraient parler un peu moins souvent. Les femmes disent que les hommes devraient conduire un peu moins souvent.



Ça pourrait devenir dangereux.



Heureusement, ils rencontrent très souvent un ami qui ne boit pas et qui sait conduire. Cet ami sait conduire à la place de l’homme, et sait aussi parler au nom de la femme. L’homme n’écoute plus la femme. Il écoute son ami. La femme n’entre plus dans la voiture de l’homme. Elle se laisse conduire par l’ami.



Ça s’en vient dangereux.



Un jour, l’ami couche avec la femme. L’homme décide de ne plus parler à l’ami. La femme, elle, décide d’avoir des enfants avec l’ami. Elle n’arrête pas de boire pour autant. Son ami lui dit d’arrêter. L’homme, lui, se demande si ses amies n’accepteraient pas de coucher avec lui si elles buvaient plus souvent.



Les enfants de la femme naissent. L’ami leur apprend à marcher. La femme boit pour oublier que le père de ses enfants aimerait qu’elle cesse de boire. L’homme, lui, boit pour oublier qu’il n’a pas d’amis avec qui boire.



C’est dangereux.



Quand il voit sa femme ramper sur le plancher, l’ami se demande si elle sait encore marcher. Les enfants, eux, marchent souvent sans savoir où aller. La femme demande à l’ami de la laisser ramper vers où elle veut. L’homme, lui, à plat ventre sur son plancher, prie que les lèvres de la femme rampent jusqu’à lui.



Ça pourrait être mieux.



La femme embrasse ses enfants. L’homme n’ose pas embrasser les enfants qui ne sont pas les siens. La femme aimerait avoir d’autres enfants. L’homme aimerait embrasser des enfants qui sont les siens.



C’est déjà mieux.



La femme appelle l’homme. L’homme prend sa voiture. Les enfants marchent avec leur père sur le trottoir. L’ami ne sait plus où aller. Il aurait envie de boire lui aussi, jusqu’à ramper lui aussi, mais il s’efforce de rester droit vis-à-vis de ses enfants.



L’homme prend la femme. L’ami se suicide. La femme achète un bouquet de fleurs pour cet ami avec qui elle a eu des enfants. L’homme, lui, garde son argent pour les enfants qu’il aura peut-être un jour.



L’homme prend sa voiture même s’il a un peu trop bu. La femme lui parle même si elle a un peu trop bu. La femme pleure l’ami. L’homme pleure l’amie qu’il n’a jamais eu. La femme se jure que plus jamais elle n’aura d’ami. L’homme pareil, se jure que pas plus qu’aujourd’hui il n’aura d’amie.



Enfin, les deux se marient en dehors des amis, en dehors des autres, et je pense que c'est là tout ce qu'ils pouvaient espérer de mieux.

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