30 septembre 2011

Clous démocratiques

Je suis profondément con. Ce que je n’écris pas ne prive personne de rien. Je suis profondément inutile à votre destin beau et grave que vous avez dessiné de la façon que vous l’avez imaginé. Je n’irai pas mettre mon coup de crayon dans ce fouillis, gâcher le désordre que vous tentez de construire. De toute façon, sur vos chantiers, mon coup de marteau importe peu, que je le donne sur tel ou tel clou, il sera oublié aussitôt que le clou pour lequel vous avez voté aura parlé à votre place et justifié qu'il est exactement celui-là sur lequel j'aurais aimé frapper avec mon marteau que j'aurais acheté si j’avais eu les moyens de m’en payer un.



Un marteau. Je n’en ai pas. Personne ne donne de marteau à personne. C’est croche que les clous continuent à diriger alors que personne n'a les moyens de se payer un marteau pour frapper sur eux. Ils sont beaucoup trop hauts, ailleurs, dans des tours éclairées avec beaucoup d’argent que moi je n’en ai même pas assez pour prendre l'autobus jusqu'à chez Rona.



D’abord si je pouvais me payer un marteau chez Rona, je le ferais avec mon argent de poche, délaissant à la caisse une partie de mon pantalon dans les poches du clou que j’aurais aimé lui clouer la face. Je me retrouverais sans culotte, tout nu, marteau dans les mains, ne sachant même pas si un jour j’aurais l’occasion de frapper la tête du clou pour lequel vous avez voté.



Je ne suis pas con. Je suis profondément con. Ceux qui n’ont pas d’argent, c’est ce qu’ils font. Ils font les cons dans les rues. Et avec raison. Les cons sur la rue, même s’ils se transforment sous l’effet parfois de drogues, parfois d'autres choses, transforment à tout le moins mieux la société que ceux intelligents qui, avec leurs mots auxquels on répond qu'ils ne sont ni clou ni marteau, n'arriveront jamais à transformer.

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