15 juin 2013

Un ballon dans la rue

Ce n'était pas un ballon lourd comme ceux du foot. C'était un ballon d'anniversaire, le genre très léger, que ça éclate avec une aiguille. Il roulait doucement sur la rue, poussé par le vent. J'aurais aimé enregistrer le mouvement du ballon sur vidéo, comme ça je n'aurais pas eu besoin de te le décrire, mais je vais le faire, avec les mots, parce que je n'ai pas de caméra et que je suis quelqu'un qui écrit.

Le ballon était vert. De loin, il avait franchement l'air d'une boule de quille qui, en apesanteur, bondissait au ralenti. Je me suis dit : peut-être que le poids des objets modifient le temps? Si on allégeait une boule de quille en la remplissant d'air, elle mettrait plus de temps à atteindre le bout de l'allée. En diminuant sa masse, je pense qu'elle arriverait à étirer le temps. Et puis je n'ai plus pensé à ça parce que j'avais mal à la tête et que le ballon vert s'était fait écrasé par une Ford Focus.

J'ai pensé que le temps était un élastique qu'on joue de sa forme en étoiles ou en anges dans nos maisons, de jolis oiseaux qui chantent l'arrivée du jour alors que c'en est la fin, ils sont tout mêlés, les pit-pit en cage, ils ne voient pas la lune et c'est pour ça qu'ils n'ont pas de montre et qu'ils n'en veulent pas. Qu'allez foutre une montre au poignet d'un merle. Ça n'a pas de poignet. Ça n'en veut pas. Ça a des ailes. Des plumes avec pas d'os dedans. Ça n'en veut pas. Les os, c'est bon pour ceux qui se les brisent dans les montagnes. Tu vas me dire, la randonnée pédestre, le coeur, le gras, la cigarette. J'ai pensé te dire le temps, c'est comme un ballon dans la rue. Ça s'éclate plus facilement que ça s'étire. Et puis je n'ai plus pensé à ça parce que c'était l'heure de rentrer.

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