15 juin 2013

Le vertige du bleu

Le ciel. Le bleu, quand je penche la tête vers l'arrière et que je le fixe comme une fusée parée au décollage, je me vois me perdre dans ce masque terrifiant derrière lequel ni air ni vent ne survivrait au noir asphyxiant. Pas même un scaphandre vide n'arriverait à se faire une chair de cette vie qui n'existe pas là-haut.

Les marguerites s'éprennent d'un écrin de pissenlit dans le vent. Mes yeux arqués sur le ciel, entre deux nuages, planent en vertiges, et je marche comme un handicapé. Je me taille ma place invisible entre deux brins d'herbe que j'aurais piétinés si j'avais vu clair. Mais au-delà du bleu, aujourd'hui, je vois noir. Ma nuque frôle mon omoplate. La douceur de mes poils, je la sais. Entre deux nuages, je pressens ces satellites qui me rappellent à l'ordre. J'ai peur. Mes poings agrippent l'air autour de moi. Mes jointures craquent, cherchent un repère sur qui frapper. Un arbre fouette ma vue. Je sais qu'il passera et qu'il n'y en aura plus beaucoup.

Le bleu, fumé par la nuit, s'en va en boucane. De regarder les étoiles le soir. Ça, je n'ai pas peur.

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