15 juin 2013

Les fumeurs du parc

Il pleuvait comme que ça ne s'en pouvait plus de la pluie et des notes de guitare sèche. Ça coulait de la musique sur les parois de plastique. Au parc. Les pieux des balançoires sont faits d'acier. Sinon, la glissoire, c'est du plastique. L'eau glisse en gouttes dures sur les manèges comme dans de minuscules toboggans. La volée de passagers glisseurs ne crient pas. Ils chutent tête première sur le sable en une flaque de boue.

Il pleuvait trop pour qu'il y ait des enfants tout en haut des échelles. De grands adolescents se tenaient près des bancs, fumaient du tabac ou autre chose, sous la pluie, leurs parents ailleurs, disparus en boucane. L'enfant devait avoir quinze ans. Il fumait son bâton de papier entre ses doigts, son capuchon trempé, ses cheveux comme des couleuvres aux bords de ses lèvres. Son ami lui demande si c'est une cigarette. Et qu'est-ce que tu as mis là-dedans? On ne répond pas.

Derrière les haies, quelques insectes s'affairent autour d'une boule de fiente. Ils les espionnent. Ils n'iront pas bavasser à leurs parents. Les insectes ne savent pas parler, dit le premier adolescent en tirant dans sa gorge le trait d'air du bâton qu'il fume. Quels insectes? demande le second.

Ils volent. Ils ont de réelles ailes. On les voit planer au-dessus des terrains gris et bruns qu'on a récemment ensemencés. La pelouse ne les a pas encore tout à fait verdis. Ils volent à la lumière du fleuve. La sueur les attire. Ils fument même s'ils sont repoussés par la fumée. Je ne parle pas des insectes. J'en parlerai plus tard.

Les insectes sortiront de la haie. Visiter le plastique. On glisse sur le tourniquet comme s'il tournait déjà. On tourne. On s'étourdit comme dans l'ivresse. Comme si le cerveau voulait vomir. Un père fait tourner sa fille sur elle-même dans une cabane non loin de là. Une fois étourdie, il lui demande de sucer cela, d'ouvrir la bouche, comme si l'étourdissement allait lui faire oublier.

J'ai trop fumé, dit le premier. J'ai froid, dit le second.

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