15 juin 2013

J'ai bu

J’ai bu. J’ai tant bu que je ne sais plus si j’ai bu ou si j’ai vécu, si j’ai vécu pour boire ou si j’ai bu pour vivre. La vie me semble tant de questions irrésolues ou dissoutes. Comme du sucre dans un verre d’eau, qu’on en ajoute ou qu’on en boive, les particules disparues ne sont plus récupérables à moins de s’éventrer soi-même.

Les champs me perturbent. N’essayez pas d’expliquer ça à un enfant. De toute façon, les enfants ne veulent pas de moi. Ce n’est pas moi qui ne veux pas d’enfants. Ce sont eux qui s’obnubilent devant moi comme si j’étais un professeur de chant que je ne suis pas.

Les champs me font penser aux gens que j’aimerais enterrer. Et la tête des gens m’offre à penser les légumes qu’on récolte parfois à la saison des morts. Ce n’est pas ma faute. Ça n’a rien de violent, mais leurs têtes en forme de citrouilles…

C’est vrai, j’ai bu. Et il se peut que je boive pour tuer des choses que je ne voudrais pas voir mortes, ou que je boive pour vivre, et vivre pour tuer la vie d’autres, ou pour les faire boire afin qu’ils me fassent vivre d’autres façons de me voir vivant.

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