15 juin 2013

Les jujubes de papa

Ce qu'il y a de terrible avec l'écriture, c'est que plus on écrit, moins on a de choses à dire. On s'en retrouve au pied du mur, ayant tout dit, et de dire une chose nouvelle nous semble une chose qu'on a déjà dit cent fois. Il faut assurément retrouver ce petit moment insignifiant, cet événement de rareté, lorsque nous avions dix ans et que notre papa avait acheté des jujubes. Il nous faut se retrouver en cela, en cette exception de nouveauté pour écrire quelque chose de neuf mais de vieux. Un retour en arrière qui puisse nous encourager d'un petit bec sur la joue, un petit souffle qui nous pousse.

Papa avait acheté des jujubes. Le lot de jujubes lui avait coûté 5,86$. Et après, après, pas grand-chose. J'en reviens à ce que je cherche à dire. Ce n'était pas cela. Ce ne le sera jamais. Il y a quelque chose de cacher sous les jujubes, quelque chose que j'ai à écrire, mais je ne sais pas quoi. C'est probablement à force d'écrire que je me dirai que je ne le trouverai pas et que ça ne vaut plus la peine d'écrire, et cela même si les jujubes eussent été en forme de grenouille et qu'eh bien ce n'est pas la grenouille que je cherche.

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