15 juin 2013

Les deux voix d'argent

O.k. (un peu de courage, je le répète, un peu de), les ventouses des grenouilles sont faites pour s'accrocher à la vie, et la vie pour glisser entre les doigts de ceux qui n'ont pas d'argent (un peu de courage). Ce n'est pas parce que (l'argent, les blessures, le divorce, l'amie qui s'en va, elle m'en veut, elle ne reviendra pas) une personne réussit à tout ce qu'elle réussit, qu'il faut nécessairement (des bleus, des lésions, des saignements) en finir avec le malheur qui ne doit jamais finir.

Il faut continuer de penser à la possibilité de mourir (« c'est ce qui nous garde en vie, disait un mec qui tenait un Mc Flurry d'une main et son ventre de l'autre, les astres sont toujours plus beaux dans les yeux du voisin, suffit de les regarder comme lui ») les yeux rivés sur un gobelet de crème fouettée. De ne plus penser à ces choses qui s'appellent (argent, intérêts, endettement, carte de crédit loadée à cause de bon, j'ai un famille à nourrir et un enfant qui me fait dépensé comme ça ne se peut pas d'acheter autant de babioles pour un gamin de cinq ans) Ludovic.

Ne plus penser à mon enfant (ce que j'en ai foutre de moi-même si mon enfant est ARGH). Penser à la possibilité que ce soit moi. Nous ne sommes pas sur le point de mourir, nous avons eu du poisson la semaine dernière et les poissons sont morts eux aussi, et ça ne fait même pas une semaine que j'y pense (que je mourrai avant lui de toute façon, que je ne fais pas d'argent et que ça ne vaut plus la peine d'en mettre de côté) à la possibilité que je ne veuille plus de cet enfant. Est-il trop tard pour ne plus en vouloir? Les enfants détestent nous voir s'enfuir comme je le voudrais (signer un autre bail, allez hop le nouveau partenaire, recommencer à zéro) m'enfuir et rire, être riche comme quand j'étais propriétaire d'une voiture avec un aileron et en bon état.

Je veux être maman (je ne veux pas être maman) je veux être ma maman à moi, je veux être elle. Elle est morte (je ne veux pas être elle « morte ») mais je la vois qu'elle est vivante (je veux être elle « vivante »).  Je veux tuer mon enfant (je ne veux pas tuer Ludovic tel que je le vois) et faire comme si je ne l'avais jamais eu en dedans de moi. J'ai deux voix qui me parlent. L'une me dit que (la chance me sourirait si je le tuais) la chance ne me sourira jamais. Je n'écoute ni l'une ni l'autre. La chance ne me sourira pas. Il faut que je me démerde à travailler. Un point, c'est tout.

Du moment que (je m'investis dans le sentiment et je ne devrais pas) je m'oublie, j'aime (aimer quelqu'un d'autre, ça me nuira) au point de me négliger (et se donner entier jusqu'aux os à quelqu'un, c'est comme donner le meilleur de sa moelle aux chiens errants du quartier) et de ne plus voir pourquoi, en bout de ligne (je n'ai plus rien), je n'ai plus rien... L'impôt vient me gruger le peu qui me restait. J'ai envie de leur dire tabarnac, mais maman n'a jamais voulu que je blasphème.

Mon avenir est hypothéqué. Les intérêts de cette hypothèque, je les paierai de mes ambitions. Je donnerai ce qu'il faut aux banques et, au moment de ma mort (car j'y pense toujours), elles me remercieront du sang que je leur aurai versé. Si elles n'en ont pas assez de mes veines ouvertes, elles prendront celles de mon fils. Je dirai Hola capitalisma! Je dirai ce que je voudrai car (les fleurs du jardin étaient en fleurs ce matin), je serai inconscient et, de toute façon, ils n'entendront pas les cris de mes voix...

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