15 juin 2013

Anida Break

De toute façon, elle ne lira pas ce que j'écris. Elle fera de mes mots des blancs que son absence s'empressera de rendre invisibles au premier bar qu'elle croisera. Son bonheur ne tient qu'à la présence des autres, et ne dépend que de la façon qu'elle m'annoncera qu'elle ne veut plus me voir. Pour qu'elle m'entende (qu'elle m'alloue un rendez-vous), il me faudrait louer la cloche de l'église près de chez elle, et je ne vous dis pas pour qu'elle me lise... La cloche est énorme. Quand le clocher la secoue, c'est comme si la terre enfantait une nouvelle planète. Encore eut-ce été suffisant pour la tirer hors du lit, mais encore, imaginez combien de fois lui ai-je téléphoné avant qu'elle me réponde.

J'ai décidé que ça serait moi qui n'entendrais pas ses appels. Ça sera moi qui manqueras à l'appel. C'est elle qui me donnera rendez-vous, et c'est moi qui ne s'y présenterai pas. Je ferai de mes oreilles fines une pelure blindée contre tout appel, toute cloche et tremblement. Les cloches ont sonné cet après-midi. J'ai senti la musique. Ça disait : « Annie! »
Je ne connais pas d'Annie.
« Anida », poursuivaient les notes. Je ne connais aucune Anida. Enfin, le téléphone sonna.
« Break », sonnèrent les notes. Et je compris à ce moment-là la phrase que tentaient de formuler les cloches.

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