1 juin 2009

Prozac Lovers




I (prozac lovers ; c’est le titre)

Des gens comme ça, full slow

Je me demande comment les paupières peuvent tomber sur les pupilles mais tsé, juste pour dire ; juste pour dire que la paupière tombe sur la pupille et on se dit ouvre-toi les yeux. On se dit ça. Ouvre-toi les yeux.

Je regarde parfois l’intérieur de mes pupilles. Je trouve qu’elles sont noires. Mais quand je me ferme les yeux devant un néon, je trouve qu’elles sont blanches.

Ils s’endorment comme des paresseux qui s’endorment. Paresseux.

Leurs paupières sont lourdes. Pourtant quand je les soulève, c’est léger comme une plume. Comme une paupière. De la peau quoi. C’est léger de la peau. Les hypnotiseurs sont dans le champ.

Ils s’endorment en s’embrassant. (C’est le même « Ils » que tantôt mais dès lors vous imaginez deux amoureux plutôt qu’une masse de Ils insignifiants. Vous lui accordez une valeur sentimentale. Ce sont deux amoureux. Et vous détestez ou vous aimez les amoureux. Vous les aimez quand vous en faites partie. Quand vous êtes amoureux. )

Nous n’aimons l’amour que lorsque nous sommes aimés en retour.

Endormis. Leurs lèvres se sont endormies. Il n’est pas question de réveiller les lèvres. Entre les jambes, ça dort aussi. Tout dort. Il n’y a pas de perversité. Il n’y a que de la normalité. Du paisible. Du calme. Fini le chaos.

II (parce que j’ai envie de changer de chapitre)

L’homme se réveille en sursaut Oh! Fini le chaos! 

- Ouais il croit ça... (là c’est moi l’auteur qui parle pour dire que je le crois pas, fini le chaos, c’est ce qu’il croit mais ça fait juste commencer)

Il se rend compte que ses paupières ne ferment plus. Il est contraint à les laisser ouvertes 24h/24. Les filles le trouve bizarre.

- T’es pas normal! (Ça c’est ce que les filles disent, t’es pas normal et ça fite avec mon texte précédent)

- Mes paupières ne ferment plus! (Ça c’est lui qui ne fait que répéter ce qu’on sait déjà. On le sait t’es contraint à les laisser ouvertes 24h/24.)

Maintenant qu’est-ce qui se passe? Comment on fait pour dormir?

III (parce que trois c’est beau, mais quatre c’est plusse beau)

Ils veille super tard à la Rockette, un bar assez underground mais pas trop, juste assez pour qu’on y « jouse de la musique spéciale pas comme les autres le dj est vraiment hot comment il s’appelle salut salut c’est moi allo poche imitateur j’ai déjà dit cette réplique auparavant ».

Il danse les yeux ouverts. Il regarde tout autour il ne fait que ça mais sa blonde voit autre chose :

- Tu regardes les autres filles! Tu les regardes avec tes gros yeux ouverts! (ça c’est sa blonde parano-jalouse, mais tu veux quoi, qu’ils ferment en souriant alors il aura l’air complètement bourré?)

- Je regardais pas les cuisses de elle! (ça c’est le con aux yeux ouverts qui regardait effectivement les cuisses à elle qu’il trouvait belles mais trop tard il s’est dévoilé)

- Et les miennes! Mes cuisses! Tu les regardes jamais! Vas-y avec elle si c’est ce que tu veux! (ça c’est seulement la réplique habituelle des filles frustrées en tout cas, les filles frustrées que je connais)

Il veut s’évader. S’enfuir. Dormir avec elle. Pourquoi on n’essaie pas. Je sais je peux pas fermer les yeux. Mais peut-être avec toi. Peut-être ça réussirait (o.k. on est passé en discours indirect libre vous aurez compris, ma voix c’est celle de lui et vous aimez ça).

IV (parce que quatre c’est plusse beau)

J’ai besoin de faire des chapitres de temps en temps. Ça fait réfléchir. Réfléchir sur quoi je sais pas. Sur les castagnettes. Réfléchissez donc à quel point les castagnettes auraient pu être inventé au paléolithique. 

V (parce je suis une castagnette et parce que les bouts de bois qu’on cogne ensemble, c’est assez et je suis du)

Il rentre chez elle. Elle lui offre un bol de Mini-Wheats. Il mange mais ses yeux demeurent ouverts. Le blé ramollit dans le lait. Dans sa bouche, les céréales sont gorgées de lait. Ça lui fait boire autre chose que de l’alcool. Il a envie de fermer les yeux pour savourer. Mais il est incapable. Yeux ouverts toujours.

- T’as pris tes pilules ce matin? (ça c’est elle qui lui demande si il a pris ses pilules ce matin (o.k. vous aurez compris faut pas vous prendre pour des cons...)

Il répond oui.

- Tes pilules sont supposées t'endormir... (ça c’est elle qui parle du titre du texte que je suis en train d’écrire ; de la pilule en question)

Il termine ses céréales. Et tout le monde se demande s’il dormira les yeux ouverts ou s’il parviendra à les fermer. C'est tout un thrill. Non mais. Genre de scénario de film amateur qu’on voit à Fais-ça-court sur Télé-Québec.

V (parce que je viens de dire Télé-Québec et ça, c’était engagé socialement alors, on prend une pause pour réfléchir (pas au castagnettes))

Il ne peut fermer les yeux. Il est couché avec sa blonde. Elle lui gratte la tête. Elle lui flatte les cheveux. Habituellement, ça l’endormait. Mais là, il a les deux yeux grands ouverts. Elle vérifie sous son pyjama. Il n’est pas bandé. Il n’a pas envie de ça. Alors pourquoi ne dort-il pas? Elle trouve ça curieux. 

- Peut-être c’est l’auteur qui a décidé que le personnage ne fermerait plus les yeux? (là c’est moi qui parle... oui oui l’auteur! ah là là. Et je regarde la caméra. Comme Woody Allen)

Il n’a pas envie de baiser. Mais ses yeux demeurent ouverts comme deux boulets bien ronds. 

- T’as pris tes pilules ce matin? (là on pourrait croire que c’est la blonde qui demande ça encore mais non, c’est le gars. Parce que elle aussi elle prend des pilules. Pas des Prozac. Non. Des Alesse. Pour pas tomber en ceinte)

- Oui. (elle répond juste oui de toute façon c’est tout ce qu’on voulait savoir)

VI (ça c’est curieux je m’attendais pas à un changement de chapitre ; il doit s’être passé quelque chose de grave)

On observe un clignement. Il cligne légèrement des yeux. À peine. Et il glisse sa main sous les pantalons de la fille. On se demande comment ça.

Aussi il fait glisser le pantalon de la fille jusqu’aux chevilles. Et il entre son majeure. Il vérifie si c’est humide. Il masse le clitoris jusqu’à ce que tout soit humide. Enfin, tout semble flotter comme dans l’huile. Son arme est prête aussi. On s’enfonce.

VII (on s’attend à l’acte fatidique pendant lequel on fait des enfants)

Il pénètre la chair molle de son astre. Une constellation émerge. Rougeâtre. Des étoiles dans l’utérus. Quelques Grandes Ours. Et des cerceaux lumineux dessinés par les pulsations du pinceaux. Quelques anneaux aussi. Autour du bâton. Il trace. Il dessine. Il peint. Dans le rouge et le beige. Deux couleurs qu’il reconnaît et qu’il étale depuis sa naissance.

VIII (moment d’émotion)

Il jouit. Le bâton en question déverse ce qu’il a à déversé. Des échappées lumineuses. Liquides. De tendres coulisses qui disent je t’aime. 

Il l’aime.

Il jouit encore. Ça dure au moins dix secondes. Puis il s’effondre comme une loutre. Il s’effondre comme une prière dans l’eau. La tête sur la poitrine de la fille. Les deux mains derrière la tête de la fille. Tout ça à quatre pattes le pauvre. Il jouit je le plains. Il fait avé-maria devant la poitrine de sa blonde mais elle n’est plus vierge.

IX

Le soulagement. Il ressent. Il ferme. Il ferme les yeux. De soulagement. Il ferme les yeux mais c’est un soupir. Il ferme les yeux mais c’est un soulagement dont il s’étonne. J’ai fermé les yeux.

- Vais-je pouvoir les rouvrir? (qu’il se demande)

Il rouvre les yeux et sa dulcinée celle qu’il aime. Vraiment j’ai baisé jusqu’à m’en fermer les yeux (qu’il dit heureux).

- T’as fermé les yeux... t'as pas aimé ça? (qu’elle dit la sotte)

- Non je ferme les yeux Je ferme les yeux maintenant! Laisse-moi les fermer! Laisse-moi dormir! 

- Je t’endors (et elle dit ça mais j’aurais préféré la faire taire).

- Laisse-moi vivre aveugle pour une nuit les yeux fermés, comme un aveugle qui adore les mots ; comme un aveugle qui adore les mots.

Et c’est ce qu’il a dit.







1 commentaire:

William Drouin a dit...

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