8 juin 2009

Découverte



I

J’ai découvert une chose. J’ai quelque chose à dire de sérieux. Je suis une personne très très sérieuse et j’ai quelque chose à dire de sérieux de très sérieux il faut m’écouter. J’ai découvert quelque chose. Une chose très curieuse qui dévoile un aspect ultra-curieux au sujet de la race humaine.

J’ai regardé les êtres humains. Je les ai observés. Je les ai étudiés. Et j’ai découvert cette chose curieuse qu’il me tarde à vous dire.

J’ai découvert cette chose alors que je mangeais seul assis à ma table. Je mange souvent seul. Souvent, pour me sentir en osmose avec le reste de la race humaine. Je me fais bouillir des brocolis, et puis le steak poivré. Et je mange l’osmose.

Ce que j’ai découvert au sujet des êtres n’est pas banal : il n’est maintenant plus question d’amour ; plus jamais il ne sera question d’amour. Car j’ai découvert une chose odieuse au sujet de vous. Vous qui êtes êtres.

1. Un cheveux, c’est comme le passé : on en coupe toujours des parties en pensant que ça le rendra plus beau mais au fond, on regrette toujours notre incapacité à le refaire pousser. Mais ce n’est pas ce que j’ai découvert.

2. La vie, c’est comme une paille. On veut tous siphonner ce qu’elle recèle de meilleur, mais certains, dans l’urgence de vivre, l’écrasent entre leurs dents. Et tout cela se termine par l’alarme bruyante d’une aspiration vers le fond : FRRRRRR. Mais ce n’est pas ma découverte.

3. Apprendre un nouveau mot, c’est comme du rince-bouche : on le fait tourner dans notre bouche pendant deux secondes, et on le recrache tout de suite après pour faire sensation. Mais ma découverte est bien meilleure.

J’ai découvert cette chose étrange alors que je mangeais assis à ma table. Et la découverte m’a semblé si étrange qu’elle m’a coupé l’appétit. Je n’ai pu finir mon assiette :

« Les brocolis causent le cancer. »

Mais ce n’est pas ma découverte. J’ai découvert cette chose universelle qui troublera l’ordre du monde. Et je ne suis pourtant pas du genre à troubler l’ordre du monde. J’aime que le monde soit ordonné. J’aime que le monde soit à son affaire.

Je ne sais que faire de ma grande découverte. Tantôt je me dis tant pis, ils deviendront robots de toute manière ; tantôt je me dis il est de mon ressort de préserver leur état. Je dois leur dire :

« Le steak poivré ne vient pas du boeuf, mais de la vache qui poivre. »

Mais ce n’est toujours pas ce que j’ai découvert. Je dois l’affirmer clairement. Sans hésitation. Peu importe ce qui arrivera après mon affirmation révélatrice. Je dois tout dévoiler, sans mensonges :

« Le système solaire est un ragoût de boulettes. »

Mais ceux qui m’entendent rient de moi. Ils ne croient pas à ce que je dis. Et avec raison. Ce n’est pas du tout ce que j’ai découvert. J’ai découvert une autre chose beaucoup plus étonnante. Mais j’hésite à la dire. Par honte, peut-être. J’ai honte d’avoir découvert cette chose avant tous les autres êtres. Je ne suis pourtant pas génial. Alors pourquoi cette révélation m’est-elle apparue :

« Ceci est mon sang : buvez mes frères ; ceci est mon poulet général-tao : mangez mes frères. »

Certes, j’ai eu cette révélation. Mais jamais je n’ai vérifier sa signification dans la Bible. Toutefois, ce n’est pas ce que j’ai découvert, au contraire, ça n’a rien à voir. Ce que j’ai découvert vous concerne tous. Tous sans exception. Cela concerne tous les êtres qui mangent et marchent. Assurément, cela vous concerne, puisque dans ma découverte même, il est question de nourriture et de locomotion. Et vous mangez et vous marchez :

« Les handicapés anorexiques seront les premiers à mourir »

II

Je crois en Dieu. Sincèrement. Je crois sincèrement que c’est Dieu qui m’a choisi. Il a dit : Toi, tu seras celui qui découvriras le sort de l’humanité ; et il te revient de leur apprendre quel sera leur sort.

Il me revient d’apprendre de leur quel quoi? Je n’ai rien compris à ce qu’il disait, mais une chose est sûre :

« J’ai découvert de quoi ; faut vous apprenez c’est quoi j’ai découvert. »

Je vous ai déjà annoncé le lien de ma découverte avec l’amour : l’amour n’existe plus. Vous vous demandez pourquoi? Une série de raisonnements m’ont prouvé la non-existence de l’amour chez les êtres :

Chapitre 1 :

1. Je deviens con dès que je rencontre une fille qui me plaît.
2. La fille me parle et je continue d’être con.
3. Elle m’aime même si je suis con.
4. Je suis con de sortir avec elle.

Chapitre 2 :

1. Il faut s’accoupler pour se reproduire.
2. Certains trouvent ça con de s’accoupler.
3. Certains trouvent ça con de se reproduire.
4. Être en couple, c’est con.

Mais ce n’est là qu’un résumé des deux chapitres sur l’amour ; chapitres que j’ai élaborés longuement alors que je mangeais ; chapitres qui ont résulté en une conclusion fort audacieuse que j’appelle Ma Découverte.

Mais ma découverte ne se résume pas qu’à l’amour. Elle englobe l’être dans sa totalité. Par là, je désigne la vie. Ma découverte touche directement la vie des êtres :

Chapitre 3 :

1. La vie mène inévitablement à la mort.
2. On veut vire.
3. On ne veut pas mourir.
4. On est dans marde.

Chapitre 4 :

1. On veut vivre plus longtemps.
2. Les robots vivent longtemps.
3. On est toujours ce qu’on veut être.
4. On est des robots.

Ce n’est là que les fondements de ma découverte. Et déjà, vous paniquez à l’idée d’une découverte logiquement plus forte. Laissez-moi vous l’énoncer.

Mon but ici n’est pas de réécrire le livre que j’ai publié sous le nom de Dr. Jermy Sastirch. Ce n’est pas mon intention. Je n’indique que les lignes premières. À vous de déduire le reste. Mais il n’en demeure pas moins que ma découverte troublera le monde. Les êtres sont ce qu’ils sont ; mais ils sont tout autrement selon les comportements qu’ils adoptent.

« Dominique dit - Je suis Dominique - ; mais elle refuse de parler à Jonathan. Elle est donc - Dominique refusant de parler à Jonathan - »

Suivant la même logique, nous ne sommes qu’une partie de nous-mêmes. Je ne suis, moi, qu’une partie de moi-même non-écrivante, alors que l’autre écrit. Et puisque chaque être désire vivre aussi longtemps que possible, chaque être se résume à être :

1. Émilie voulant vivre aussi longtemps que possible ;
2. Rachel voulant vivre aussi longtemps que possible ;
3. Charlotte voulant vivre aussi longtemps que possible ;
4. William voulant vivre aussi longtemps que possible ;
5. René voulant vivre aussi longtemps que possible ;
6. Second Cup voulant vivre aussi longtemps que possible ;

Mais puisque ce que nous connaissons comme vivant le plus longtemps possible demeure l’objet :

1. Newport synthé
2. Salsa piano
3. Serge Ipod
4. William Macbook
5. Linksys
6. Second cup voulant vivre aussi longtemps que possible ;

Et accumulant les chapitres que j’ai écrits lorsque je mangeais, assis seul à ma table, une révélation m’est venue. En additionnant les suppositions, j’ai découvert. Voilà où s’en vont les êtres. Voilà où ils s’en vont! C’est terrible! Et je me suis dit, dégustant le steak poivré, c’est terrible! Et un peu de citron sur mes brocolis... oh les câpres c’est âcre... C’est terrible! Comment vais-je leur dire, à tous ces êtres, que voilà ce que l’avenir vous réserve? Un peu de sel!

Le sort est terrible. Et les oignons rouges? Je ne peux imaginer ce qu'ils deviendront. Et j’ai mangé du boeuf. Un peu d’estragon. Et j’ai essayé mes brocolis gratinés. C’était comme une lasagne mais en mieux. Les feuilles de salade à côté, vous pensez quoi... Tous des robots! Je ne les manges pas... La salade, j’aime mieux avec la vinaigrette. Un peu de moutarde. Oh la moutarde! La perte des sentiments. Le steak, parfaitement cuit. On dévore! On se dit, les robots ont des sentiments. Presque cru j’adore. Et l'os? On ne le sent pas. Peut-être je l'avale. Peut-être j’avale absolument tout sans m’en rendre compte? Et on avale. Et sans réfléchir, on avale. Et j’adore avaler. Juste... Avaler...

1 commentaire:

William Drouin a dit...

Appréciation de l'auteur : * * * *