15 juin 2009

Presque




tout ce que j’ai écrit
m’apparaît écrit

dans les digues de l’orage
dans l’insonorisation des nuages

le nuage vibre
retient l’éclat
n’y parvient pas

retient le boom
n’y parvient pas

retient la pluie
n’y parvient pas

retient la couleur

y parvient presque

*

muette comme un bloc
mon écriture se résorbe
en un cadre spécifique
comme la frasque d’une goutte
éteinte d’eau
sur ma vue

mon écriture s’est gonflée
sans être vue
dans un clos espace
dans l’alvéole d’une moustiquaire
gorgé d’une goutte

la goutte tisse
retient les insectes
n’y parvient pas

retient les fuites
n’y parvient pas

retient le noir

y parvient presque

*

un insecte noir perce la moustiquaire
qui fait cloison
entre l’écriture et moi

pour gagner l’intérieur
et vivre
sans être noyé

l’insecte s’infiltre
une première patte
n’y parvient pas

une deuxième patte
n’y parvient pas

une troisième patte

y parvient presque

*

un être minuscule
aligné - encadré - parvient presque
à sortir de mes cadres

il rejoint presque
ma nature

mon ventilateur vibre
à quatre pattes tournantes il parvient
éclate boom et pousse la pluie

*

alignée - encadrée - paginée
mon écriture subsiste aux fléaux
mais subsistera-t-elle à elle-même

sur les flocons secs d’une lèvre
sur les frises d’un balcon

*

l’écriture veut parler
n’y parvient pas

veut sortir
n’y parvient pas

veut percer

y parvient presque

*

l’insecte y parvient presque
une patte de plus et ça y est

le ventilateur éclate boom et pousse
l’insecte



presque
ne sera jamais suffisant

1 commentaire:

William Drouin a dit...

Appréciation de l'auteur : * *