25 juin 2009

Parenthèse


hey tu te souviens la petite table blanche (celle trapue, en mélamine, qu’on n’utilisait plus et sur laquelle il y avait plein de peinture parce que je repeignais notre chambre cette semaine tu te souviens, cette table sur laquelle nous faisions l’amour autrefois au temps où nous nous aimions et sur laquelle nous dessinions des fous sur toi, sur moi, et où l’on discutait de ce que nous serions plus tard ; toi la plage, moi la bibliothèque ; où l’on discutait de nos voyages le sucre entre les dents, mourant d’envie de sel et pour cela, les chips qui glissaient aux quatre coins de cette table mais s’arrêtaient avait de tomber comme au bord d’une falaise tu te rappelles, cette table devenue collante à force d’y renverser des verres comme sur une mappemonde et d’y voir dans les taches des pays, des continents et nous deux s’embrassant tu te souviens, cette table autour de laquelle toi tu disais que tu aurais voulu que je sois une tache collante t’embrassant amoureusement à chacune des secondes indélébiles et moi, je répondais que j’aurais voulu que tu ne sois pas une tache et cette semaine, j’ai repeint la chambre où nous dormions et où j’étais incapable de dormir à cause de cette foutue table qui conservait intacte la préciosité de notre couple et si je t’ai assassinée sous un pinceau, sous les perles d’un rouleau, c’est pour conserver intacte la viscosité de notre séparation et me dire à nouveau qu’aujourd’hui est nouveau) eh bien aujourd’hui, je l’ai jetée aux éboueurs.

1 commentaire:

William Drouin a dit...

Appréciation de l'auteur : * * *