4 juin 2009

Ma couturière




Scintillent les paillettes de son costume elle s’inhume, devant la machine, rapièce d’anciens lambeaux et en crée de nouveaux, comme la charpie des dinosaures elle restaure les costumes et scintille l’écaille des vieux chapeaux.

Ma couturière coud accoudée, toute épuisée frénétique et menée par le sucre du coca-cola qu’elle avale, elle fabrique les costumes d’une pièce de théâtre à laquelle pratiquement personne n’assistera de toute façon parce que bon ce n’est pas bon, dix douze spectateurs tout au plus mais elle se dit il faut travailler et à force de s’efforcer on devient grands ça j’ai lu ça un jour, que je serai grande un jour.

Raccorde les tissus l’aiguille comme une arme minuscule toujours debout, elle s’enfonce à la verticale dans le merveilleusement doux mais ressort de là toujours aussi dure que du métal dur.

Ma couturière a de minuscules doigts qui assemblent comme on soude elle crante, et reprend le zigzag de sa machine absolument, il faut terminer ce costume avant demain, parementures dégueulasses au fond collant des bouteilles de sucre noir elle se dit je vais terminer ce costume détestable, après quoi je vais faire tout à fait autre chose et cette autre chose sera géniale et beaucoup plus haute, après quoi je serai autre chose et cette autre chose sera géniale et beaucoup plus haute.

Tournent les aiguilles de l’horloge derrière une vitre mince elle avale, et s’enlise aux parois sucrées que sont les murs de sa chambre et de la terrible machine.

Ma couturière a de minuscules armes pour se défendre ou pour s’attaquer, à bout, elle lance tous ses vêtements par terre et le costume avec, à bout, elle coud bout à bout ses minuscules doigts et cousus ensemble, ses minuscules forment un énorme auquel elle attache sa fierté, enfin, avec sa grosse main, elle se dit enfin j’ai fini d’être minuscule.

Agacent les aiguilles de l’horloge qui découpent le temps et crantent, insupportables, c’est une attaque à tout ce qui veut coudre.

Ma couturière n’a plus de minuscules armes mais une seule énorme pour attaquer les aiguilles : elle défonce la vitre de l’horloge et c’est une vengeance qu’elle se dit, aiguille vs aiguille! Et l’aiguille l’emporte. Elle l’emporte ailleurs. Et d’ailleurs, l’aiguille l’emportera toujours...

1 commentaire:

William Drouin a dit...

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