19 octobre 2009

Mise en garde




MISE EN GARDE : VOTRE PROPRIÉTAIRE SAIT COMMENT ÉVACUER LES PLUS FAIBLES COMME LES PLUS SALES



Des gens qui n’ont pas d’école. Ils sont en vacances tout le temps. Ils se lèvent tard. Ils se masturbent tout le temps. Ils n’avancent pas. Ils ne font pas le ménage. Ils attendent que ça pue. Ils se font à manger mais ce n’est jamais très bon. Même s’il y a des légumes, ça goûte le cul. Alors ils se font du macaroni au fromage. Et ça pue le fromage dans tout l’appartement. Mais ils se réjouissent d’avoir toute la journée devant eux pour apprendre à cuisiner. Ils se réjouissent d’avoir l’avenir devant eux, mais ils se lèvent trop tard pour la lessive. Il est déjà six heures du soir. Leur lit pue. Ils ne lavent jamais les draps. Ils bâillent au corneille et espère décrocher un emploi comme poète, chanteur ou artiste peintre. 

Au début, leurs draps étaient blancs. Maintenant, ils sont beiges et huileux. Avec des miettes de pain dedans. Et ils continuent d’y faire l’amour, comme si l’amour voulait d’un nid aussi puant. Ils baisent comme des animaux. Ils ne vont pas à l’école. Ils croient tout savoir. De la vie, comme de l’amour. Mais la vie, comme l’amour, demande une certaine propreté. Ça, ils le savent, alors ils se lavent les mains après avoir bouffé leur sauté au poulet qui sent les Indes. Mais ils ne se lavent pas les mains après avoir fait l’amour. Ils mangent leurs ailes de poulet à saveur de sexe. Ils sucent leurs doigts. Et si du gras glisse sur le matelas, ils ne ramassent rien. Ils rient un coup et ne font rien. Ils ne font absolument rien. Ils sont fatigués. Ils sont épuisés d’avoir trop dormi. Leurs rêves les ont emportés. Ils se sentent lâchent. Plus ils dorment, plus ils dorment... Ce sont des animaux qui vivent sous terre. Dans des terriers humides et malpropres. À les sentir, on croirait qu’ils sont adeptes du compostage. Dans les chambres, partout, ça sent le Biodôme. Ils se complaisent. Leurs pieds sentent le pop corn. Leurs poils sont frisés et bourrés d’acariens. Leurs lèvres sont pâteuses. Lorsqu’ils bâillent, une mousse blanche et sèche se forme dans les coins. Leur mauvaise haleine emplit l’appartement.

Ils sont jeunes. Ils ne vont pas à l’école et ne travaillent pas. La vie les a gâchés. La nuit, ils écoutent de la musique. Parfois, la drogue les étourdit. Ils s’endorment dans leur crasse. Quand ils se réveillent le soir d’après, ils ouvrent leur ordinateur. Ils regardent les photos de la veille et ils sourient. Bêtement. Ils composent adroitement un titre pour chaque photo et leur journée est faite. Ils marchent pieds nus sur le plancher de leur appartement. Ils font comme chez eux. Les murs s’effritent. Un tas de foulards traîne dans le vestibule. Ils se préparent pour l’hiver. Il neige beaucoup à Montréal. Ils dorment avec cinq épaisseurs de couvertures. La laine les fait suer. Ils transpirent. Leurs pieds puent. Leurs pyjamas aussi. Leurs amis, lorsqu’ils leur rendent visite, tentent de nettoyer un peu. Mais c’est trop tard. Le trou du bain, comme celui du lavabo, est rouillé. Le four s’enlise dans une couche d’écailles oranges. 

Ce sont des jeunes qui ne vont pas à l’école. Ils veulent jouer de la guitare. Mais leur pyjama est sale. Dès lors qu’ils écartent les jambes, ça sent le poisson. Pourtant, ils détestent le poisson. Mais ce poisson-là, ils le tolèrent. Si des coquerelles envahissent leur appartement, ils font leurs bagages. Leurs vêtements sentent la pourriture et le haschisch. Lorsqu’ils parlent aux adultes, ils se vantent d’être à leur affaire. Mais c’est écrit dans leur visage qu’ils ne savent pas faire la vaisselle, qu’ils ne savent pas faire la lessive. Leurs lèvres tremblent de paresse. Leurs parents sont soit clochards, soit drogués. Ils sniffent de la cocaïne. Et leurs parents aussi. Ils boivent trop. Ils fument trop. Leur visage pue la merde des égouts. Ils sont moches. Ils ont le nez écrasé. 

Ce sont des jeunes qui ne vont pas à l’école, qui ne travaillent pas et qui sont dépressifs. Ils crient au moindre problème. Ils ont toujours la tête entre leurs mains. Ils écrivent constamment. Mais ils ne montrent jamais ce qu’ils écrivent. Ils pleurent sans raison. Ils craquent toujours. Ils ne savent pas vivre. Ils ne savent que mourir. Ils prennent des pilules. Et quand ça ne va plus, ils se suicident. Leur corps traîne toute la nuit dans la salle de bain. Personne ne le ramasse. Ce sont des gens malpropres qui meurent et qui laissent les autres morts. Il faut les policiers pour faire le ménage. Sans eux, les cadavres pourrissent pendant des semaines dans la douche.

Ce sont des jeunes qui ne vont pas à l’école, qui ne travaillent pas, qui sont dépressifs et qui se suicident. Ils tentent toujours d’expliquer leur problème. Mais à tant vouloir l’expliquer, ils n’y trouvent aucune solution. La vie les a ratés. Ce sont de petits suicidaires puants qui ne savent pas s’éduquer, qui ne savent pas travailler, qui ne savent pas se faire à manger, qui ne savent pas laver leurs draps, qui ne savent pas se lever, qui ne savent pas marcher et qui ne savent pas s’habiller. Ils ne valent pas plus qu’une coquerelle ou deux. Un coin de mur ou de fenêtre. 

Mais une fois suicidés, ils valent beaucoup mieux : un logement libre et sans passé, une petite annonce bien classée... De l’argent propre pour un propriétaire qui sait se laver.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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