Rinko Sazbandès est mort. C’est un fait. On n’y peut rien. Tu peux y réfléchir pendant une décennie, ce sera une belle décennie perdue à réfléchir sur le fait qu’on y peut rien. C’est un fait. Rinko Sazbandès est mort. C’est un cycle bien connu. Ce qui survient vient un temps, ce qui perdure dure un peu... mais ce qui reste ne reste jamais. Oublie les morts. Le temps s’égoutte drôlement. Les livres d’histoire n’écriront rien à propos de Sazbandès. Pourtant, il t’a sauvé la vie en 92. Mais les livres n’en diront rien. Il a tué pour la liberté de son frère. Mais il sera surtout reconnu pour avoir été tué en échange de la liberté de son frère.
« Tué par MarcÈio Albanze. Un grand meurtrier. Un meurtrier notable, extraordinairement intelligent, un génie! Un grand statège! Le nouveau Clyde Barrow quoi! »
- C’est pas Rinko ça. Rinko! Qu’est-ce tu fous Rink montre-toi...
Tu cherches ton frère. Normal que tu aies peine à le reconnaître. Mais tu l’as déjà croisé. C’est lui, tout cramé, défiguré par la bombe. Regarde, dans le squelette, dans les orbites, à l’endroit où se trouvait ses yeux. Si tu regardes bien comme il faut, les miettes de ses pupilles. Les cendres de ses iris. Un peu de bleu.
- Rinko! (de la rage)
Tu peux venger ton frère en tuant Albanze, ou tu peux t’asseoir et pleurer la mort de ton frère. Si j’étais toi, je tuerais Albanze, parce que si tu ne le fais pas, il deviendra un meurtrier super célèbre et tout le monde l’aimera.
- Bonjour Madame, puis-je rencontrer Monsieur Marcìo Albanze s’il vous plaît? J’ai quelque chose à lui proposer...
Tu t’y prends de la mauvaise façon, à mon avis. Tu aurais dû attendre Albanze à la sortie de la banque plutôt que de demander à le rencontrer dans son bureau. On ne sait pas quel flingue il peut garder dans son tiroir.
- Ta gueule Estomago... Holà Marcìo! Cómo va? La salud es buene?
Albanze est impressionné par ton espagnol. Il se demande pourquoi tu ne parles plus français. Avec un peu de chance, il pourrait croire que depuis la mort de ton frère, tu es un des leurs. Mais faut pas le prendre pour un con. Il a déjà ouvert le tiroir.
- Correa caer! Tienen sobre mi!
Tu sors une bouteille d’alcool. Tu lui en offres. C’est quoi? Tequila? Donne-m’en un peu. Allez, fais couler. Non, n’en donne pas à lui. Garde ça pour toi et moi. Dans un coin, tranquille, on pourrait boire ça ensemble. En français.
- Hey, won’t you share it, Farhè?
Non, don’t share that Farhè! Tu m’en donnes à moi! Allez, Farhè, tu verses tout ça dans ta gorge à toi! Et je m’occupe du reste! Pense à moi! Pense à ton estomac! J’ai bien envie de m’étourdir un peu! De toute façon, t’as vu le mec? Il sort d’un film des années 90. Laisse-le faire. Allez, donne-moi ça. Oui, c’est ça, bois-en. Voilà. Comme un grand garçon. Peux pas dire que fait pas de bien! Hé le con d’Albanze! Tu sais quoi? T’existes pas! J’ai pas envie de dire que t’existes alors toute cette histoire c’est de la merde. Alors excuse-nous, mais Farhè et moi, on va aller s’amuser avec la bouteille dans le parking en bas.
Non mais c’est vrai. Écoute-moi bien, Farhè, j’ai créé ce personnage de toute pièce. Pour m’amuser un peu. Mais je ne savais pas que tu avais une bouteille de Tequila sur toi. Ça change tout! Écoute : ton frère n’est pas mort. J’ai inventé sa mort. Elle est écrite, mais elle n’est pas réelle pas du tout elle est rien tu sais tout va bien! Tu m’entends?! Ton frère il est pas mort il est super vivant pleine forme pif paf et ça sert à rien de tuer cet homme! Si je t’ai dit de le faire tantôt, ouais c’est vrai je t’ai suggéré de le faire, mais c’était juste pour m’amuser un peu parce qu’on s’ennuie parfois tu connais ça, l’ennui tu connais ça... hein Farhè que tu connais ça! Farhè? Redonne un peu de tequila! Farhè! Tu te ramènes ou je te fous une taloche! Farèh! Qu’est-ce tu fous Far! Far! Quoi il t’a tiré? C’était un coup de flingue ça? Hé merde! T’aurais pas pu mourir avec la bouteille dans la gueule, toi? ah...
Tzara Rose
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