21 octobre 2009

Digression romanesque no. 1




J’écris et je pense à mes petits enfants qui seront très bien élevés, cheveux blonds, yeux bleus, très avares de sucre et de fast-food et très bien habillés à la mode des années deux mil cent et je me dis, ouais, bon, j’écris et je pense à mes petits enfants qui liront ce que j’ai écrit dans les années deux mille et qui diront c’est quoi cette merde et je dirai ouais bon, j’écris et je pense, à mes petits enfants qui seront très bien élevés qui n’oseront pas me dire qu’ils ne comprennent pas ce que grand-papa écrivait lorsqu’il était jeune et je rirai un bon coup, je serai super vieux tsé peut-être mort alors qu’est-ce que j’aurai à perdre de crier comme un malade ce qu’il me reste de vie bon, ouais, je dirai bon ouais, hum je toussoterai hum et je dirai ouais bon, j’écris, que je pense à mes petits enfants qui me liront et qui resteront un peu pantois devant ce que leur grand-père a écrit et puis qui diront c’est de la merde ouais bon, c’est de la merde ce truc qu’ils diront c’est de la merde ce que tu nous fait lire papa pourquoi tu veux qu’on lise ça et le père dira ouais bon, c’est votre devoir de français les enfants, faut lire le texte de grand-papa, allez, courage et ouais bon, j’écris et je pense à mes petits-enfants qui me liront parce que c’est un « devoir » de me lire et tout à coup ouais bon, j’écris mais je me dis bof, fuck that.

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