8 juin 2011

Sur le temps

La terre tourne. Tu t’y agrippes sur un trottoir, sur un côté. Mais la terre est un cercle et, sur les cercles, il n’y a pas de côtés. Tout est partout. Tout se prête. 

Ton soleil n’est pas le tien. Dès que la terre aura tourné une heure, ta terre deviendra celle des autres.

*

La terre tourne à la même vitesse que toi. Ni plus, ni moins. Quand tu enfonces un pied dans le sable, il suffit de peu de temps pour que ce sable tourne et qu’alors le pied d’un autre s’enfonce là où tu t’étais enfoncé. Le sable balaie la gauche, la droite. Comme le soleil. Peu importe que tu reçoives les rayons du soleil là ou là, sur ta nuque, à droite ou à gauche, le rayon tombe et c’est tout. Il tombe toujours. Même quand tu as ce nuage qui te bloque du ciel. Ça tombe quand même.

*

Ton nuage tourne et devient la pluie de l’autre; et cette pluie devient la neige d’un autre encore; et cette neige, elle devient l’eau d’un autre autre. Rien n’est là. Rien n’est à toi. Tout tourne. Ta pluie d’hier a déjà tourné. Elle s’est déversée dans les lacs. Elle a coulé sur les yeux des poissons.

*#%

Quand ton horloge tourne, la terre tourne par-dessus elle. Ton passé se perd là où tout a été tourné. Et il se perd encore au fur et à mesure que le temps avance.

Tu ne pourras jamais retrouver le passé. À moins que la terre se mette à tourner à l’envers. Alors peut-être, tu reverrais le sable où tu as marché.

*)@!

La terre s’est formée comme une boule de terre. Tu es né là-dessus, comme dans les mains d’un aveugle. Quelque chose te pétrit. Quelque chose te transforme. Tu aurais voulu vivre quelque part. Mais tu es contraint à vivre partout. 

*!?Y&

Il te prendra, un matin, de te mettre à courir dans un sens qui te semblera le sens contraire à la terre. Tu courras sur l’herbe et les champs, le coton et les usines jusqu’au parc. Tu courras encore. Tu nageras le lac. Tu monteras sur une butte de sable. Tes pieds s’y enfonceront et tu te réjouiras, croyant avoir trouvé le sable d’hier.

Mais ce sable, ce ne sera jamais le sable d’hier. Ce sera toujours le sable dans lequel tu t’enfonceras, demain, et où tu t’apprêtes déjà à t’enfoncer.

Aucun commentaire: