8 juin 2011

Démocratie

Tu as dit que le cerveau d’une nation peut être représenté, par la voix de la démocratie, par des votes cumulés, sous un seul et même nom. Stephen. Jack. Gilles.

Si des gens crient plus le nom de Stephen qu’ils ne crient celui de Jack, tu as dit que ça avait une importance. Mais toi, dans les soirées, je t’ai vu crier le nom d’une fille plus souvent que celui d’une autre. Je t’ai même vu crier le nom de la serveuse. Je ne peux pas dire, en calculant comme ça, lequel de leurs noms tu as crié le plus souvent. Mais je pense que, dans la vraie vie, tu aurais voté pour Julianne.

Tu as dit que ça n’avait pas d’importance. Tu as dit que la vraie vie était une chose et que la démocratie en était une autre. Tu as dit que tu ne pouvais pas voter pour une personne que tu aimes. Tu n’aimes pas vraiment Stephen. Tu n’aimes pas vraiment Jack. Tu ne cries pas vraiment leur nom. Tu votes pour eux en traçant des lignes sur un papier. Tes lignes ne veulent pas vraiment dire quelque chose. Elles ressemblent à ce que tu traces parfois pour t’amuser, des crochets et des x, sur une table de billard qui n’est pas à toi.

Dans la vraie vie, tu voterais pour Julianne. C’est à elle que tu as prêté de l’argent pour qu’elle s’achète des cigarettes. Et quand elle ne revient pas, c'est à moi que tu demandes de payer les bières. Je te paies une bière. Je m’en paie une à moi aussi, mais je remarque toujours que, dans ces cas-là, ma bière me coûte le double de ce qu’elle me coûterait si tu n’existais pas.

Mais tu existes. Dans la vraie vie. Et c’est parce que je t’aime que les votes ne m’inquiètent pas. Et c’est pour ça aussi que ça ne me dérange pas que tu me voles de l’argent.

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