8 juin 2011

Big Bang

« Si une personne, x, est recouverte d’essence. Si sa peau est glacée de combustible. Si elle gerce de tous ses membres devant moi. Si je sors mon briquet. Ses amis se jetteront sur moi. Ils me noieront dans de l’eau et, dans la vraie histoire, ce sera moi le vulnérable. »

Vous dîtes que l’univers, avant qu’il n’éclate, n’était qu’une boulette d’étoiles comprimées. Vous ne savez pas trop pourquoi, ni où ni comment cette explosion a eu lieu, mais vous êtes sûrs que c'est d’elle que vous êtes nés. L’explosion élargit encore, de jour en jour, et cette théorie vous plaît beaucoup. Lorsque vous voulez reculez le temps, c’est facile : vous n’avez qu’à faire rétrécir l’univers jusqu’à n’y voir plus rien.

Quand vous rétrécissez l’univers au maximum, quand plus aucune étoile ne vous renvoie de lumière, vous ne voyez plus qu’une boulette. Cette boulette, c’est votre point d’origine. Elle est si microscopique que même vos télescopes ne sont pas assez puissants pour la voir. Mais vos calculs... Vous vous en remettez toujours à vos calculs pour expliquer ce que vos yeux ne voient pas.

Vous êtes de vrais scientifiques. Vous croyez aux calculs au moins autant que les croyants croient à leur bible. Vous dîtes que l’univers est né d’une masse ridicule. Mais vous ne dîtes pas que cette masse est ridicule. Vous dîtes que cette masse contient tout. Elle vous contient, vous. Elle me contient moi. Nous y étions tous, à la base, là-dedans. Nous étions comme les étoiles. Comprimés. Ensemble. 

Nous étions une seule et même personne sans lumière. Nous avons explosé, mais nous seront toujours cette seule et même personne dans la lumière. 

« Si cette personne, x, est enduite d’essence devant moi. Je ne vois pas pourquoi je sortirais mon briquet. Si je sortais mon briquet, c’est moi que je brûlerais. »

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