8 juin 2011

Pleurer

Si mon cerveau savait pleurer, vraiment. Si j’arrivais à l’inonder en m’efforçant de, vraiment, faire de ma voix une boule de larmes compressées dedans, ma gorge, si elle savait sauter comme les grenouilles et les nénuphars, et mes épaules, si elles savaient tressauter comme les vrais séismes des vraies montagnes. Je pleurerais. Je quitterais le stupide bonheur dans lequel je suis enfoncé.

Mais pour l’instant, me voilà encore heureux et malheureux de l’être. Tant et aussi longtemps que je serai heureux, je ne me sentirai pas vivre. J’ai besoin d’une peine. Plus que l’amour, j’ai besoin de la peine d’amour. J’ai besoin de m’éventrer devant les yeux d’un autre, et de m’ouvrir, et de voir ce qu’il y a dans cet abdomen que j’ai mais qui ne me sert à rien.

Je veux me démonter, au complet, jusqu’aux premières pièces qui m’ont été attachées. Je me reveux foetus. Je me reveux à l’état nul. Je veux me voir frémir dans l’utérus de ma mère. Je veux me voir naître et pleurer. Je veux sentir toutes les parties de mon corps, mes bras et mes jambes, mon cerveau et tralala dans la misère.

Aucun commentaire: