9 septembre 2009

Votre petit cerveau




Vous croyez pas, parfois, le plafond s’affaisse sur vous comme ça, ça pèse super lourd c’est presque insupportable vous croyez pas, parfois, c’est la salle de bain, les carrelages, la céramique qui s’offense contre vous, vous doutez à se demander si c’est la façon dont vous vous êtes brosser les dents qui a révolter la salle au grand complet, alors vous serrez les points super fort pour résister aux chocs de votre petit cerveau qui fait des siennes, votre petit cerveau qui dit tout à coup que vous avez quitter le monde ordinaire pour rejoindre l’effrayant des mondes oniriques votre petit cerveau, qui dit je suis dans la douche, je suis avec mon amie la serviette mais qui au même moment se dit je ne fais aucunement confiance en cette serviette, aucunement confiance en cette douche car cette douche n’est pas exactement celle que j’ai connue enfant!

Des colères de cerveau, ça arrive. Faut pardonner le petit cerveau, mais vous croyez pas, des fois vous êtes dans le métro, et soudain un son, un léger son, pas si léger que ça finalement, vous fait réveiller de vos somnambulismes, pour vous faire apercevoir de l’endroit où vous êtes et que les sons vous parviennent drôlement étrangement, curieusement forts et d’étranges endroits comme si ces sons étaient destinés à créer le malaise, et vous pensez ça y est l’univers vous cherche, et il vous a trouvé, et vous aimeriez bien voir la façon dont vous êtes adossé tous droits contre le dossier du siège de plastique du métro, mais vous ne vous voyez pas, vous n’y pensez même pas, vous êtes complètement enterrés par cette sensation de pouvoir tomber dans les pommes à tout moment, jumelée à cette sensation de ne pas être tout à fait normaux et ça vous inquiète, avec raison car je ne connais personne qui puisse avoir l’impression d’être enterré par un son, ni même personne qui puisse avoir idée que le plafond s’affaisse.

Ce n’est que le petit cerveau qui s’énerve, vous savez, comme lorsque vous êtes aux toilettes et que le tapis de la douche se met à faire des siennes ; lorsqu’il bouge à sa manière à lui, de sa façon à lui pour vous faire chier ; lorsque le tapis n’est plus carré mais plutôt tout à coup losange et vous vous dites, c’est peut-être moi alors qu’en effet, c’est vous le problème : je ne connais aucun tapis de douche qui ait de problèmes.

Mais le petit cerveau, lui, s’active, surtout lors des vertiges, et vous savez très bien que les vertiges peuvent survenir lorsque vous êtes à moyenne altitude, mais ils peuvent aussi survenir lorsque vous êtes pourtant à terre. Et vous êtes très bien ancrés au sol mais pourtant, ce sentiment de ne pas appartenir à rien, comme si la gravité ne voulait pas de vous, comme si c’était un problème d’équilibre alors que c’en est pas un et vous vous dites, je déteste ce sol qui m’enveloppe, mais c’est vrai, les sols n’enveloppent personne, vous devriez savoir que c’est en vous, cette répulsion gravitationnelle.

Je sors les grands mots. Et parfois, vous l’avouerez, lorsque vous entendez de grands mots, vous vous demandez ce que sont les mots, ne sachant plus ce que le plus simple mot tente de dire, vous vous croyez alors illettrés, ne sachant plus parler, alors vous regardez la fenêtre, puis vous vous demandez : mais qu’est-ce que c’est l’extérieur ; qu’est-ce que l’intérieur? Et personne ne se demande cela, sauf vous, et c’est bien parce que vous avez en vous quelques gouttes d’anormalité.

Votre peur de l’avion. Votre peur de l’univers. Votre peur de traverser le ciel alors que l’univers est gros comme ça. Vous pourriez traverser tel nombre d’années lumière, et vous vous demanderiez toujours où suis-je ; combien ai-je vieilli ; un rayon de soleil met huit seconde à m’atteindre, tandis que moi, je mets combien de temps à faire quoi que ce soit.

Et votre peur des maladies qui vous assaillent chaque fois qu’un étourdissement s’annonce, comme si vous alliez perdre connaissance : vous tentez de vous concentrer sur votre ridicule respiration alors que vous vous dites carrément que c’est la fin du monde ; et c’est la fin du monde, vous vous voyez déjà vous écrouler au sol comme une poche de patates. Et vous respirez. Et tout va mieux. Mais vous n’apprenez jamais. Vous êtes incapables de contrôler vos crises d’angoisse.

Et lorsqu’il est tard. Il fait noir dehors. Vous allumez la télé pour ne pas avoir l’impression d’être seuls. Mais vous êtes seuls. Et vous voyez alors votre appartement, votre logis comme un endroit qui n’est pas le vôtre, et les armoires semblent vous dire qu’elles ne vous veulent plus, et ça prend du bruit pour masquer le bruit des meubles. Et ça prend de la musique pour cacher la couleur des murs! Et ça prend de la lumière pour repousser les monstres, pour cacher l’obscurité de l’existence! Mais pourtant, les sols n’enveloppent jamais personne, les grands mots ne mangent rien et l’extérieur n’imite jamais les intérieurs. De la même façon, l’univers ne vous en veut pas, et les maladies ne sont pas aimantées par vous, et votre respiration ne risque pas de lâcher. Les monstres ne se sentent pas invités par la noirceur.

C’est votre petit cerveau qui s’invente tout ça. C’est votre petit cerveau, et c’est mon petit cerveau aussi. Mais additionnés, ça fait un gros cerveau. Et c’est ce qui m’inquiète le plus.

1 commentaire:

William Drouin a dit...

Appréciation de l'auteur : * * *