14 septembre 2009

La peur d'avoir l'air fou





A: J’ai peur d’avoir l’air fou. 
B : Comment c’est arrivé?
A : J’ai voyagé. 
B : Vous avez voyagé? Qu’avez-vous vu?
A: Des absurdités.
B: Des absurdités? 
A: Une cathédrale flotter dans un ciel ; une avion accrocher un nuage ; un sol rebondir.
B : Dans quel pays c’était?
A : Paris.
B : Oui, je sais...
A : France.
B : Plusieurs choses bizarres surviennent en France. Faudrait voir...
A : J’ai vu.
B : Et vous avez vu?
A : Une jupette au vent ; une pierre rouillée ; un soulier achevé.
B : C’est absurde. Ces choses ne se disent pas.
A : Pourtant je les ai vues. 
B : Il ne faut pas dire tout ce que nous voyons.
A: C’est ma maladie, et j’ai peur. 
B: Peur de quoi? 
A: Que les gens me trouvent fou.
B: Vous me l’avez déjà dit. 
A: Pardon, je suis fou...
B : Laissez-moi vous examiner. Ôtez votre t-shirt.
A : C’est mon t-shirt de I love Paris...
B: Avez-vous vu des poules à Paris? 
A: Des poules? Non...
B: Des oiseaux qui ne volent pas mais qui pondent des oeufs que les humains mangent pour déjeuner?
A: Ah! Oui! Ça, plein! J’en ai vues, des poules! Les atroces!
B: Les atroces? 
A: Elles vous pillent, picardent, picalent, piquillent, pic-pic!
B: Pic-nic, dites-le...
A: Pic-nic! Picabia! Pistolet! Pic de la Mirandole! Pire-que-pire! Pic... Pic-bois!
B: Et si je vous dis porc, vous pensez à...
A: Porc-et-pic! 
B: Bien, bien je note...
A: Vous m’aidez Docteur!
B: Vous vous aidez vous-mêmes... 
A: Je ne suis rien pour moi-même, bon sang, j’ai tellement peur.
B: De Paris?
A: De tout! De ce que j’ai vu à Paris, de ce que j’ai connu, de ce que j’ai vécu... De ce que les autres verront de moi! J’ai peur d’avoir l’air fou! 
B: Et si je vous disais que vous êtes fou?
A: Non! Docteur! Je ne veux pas être fou! Je ne suis pas fou! Je vous assure!
B: Vous ne l’êtes pas... 
A: Je ne veux pas l’être! Je ne veux pas avoir l’air d’un hurluberlu! 
B: Vous n’aurez pas l’air de ça...
A: Vous en êtes sûr?
B: Mais si. Vous voyez ce que je tiens, là, dans mes mains?
A: Mon t-shit de Paris...
B: Oui, vous l’avez enlevé.
A: Mais ça ne règle rien! Aidez-moi docteur! Les anges autour des tours! La Seine la sienne! Les bosses des dames!
B: Depuis que vous avez enlevé votre t-shirt, je vous assure, vous avez l’air tout à fait normal...
A: Mais non! J’ai un tas de trucs...
B: Maintenant, ne reste plus qu’à vous taire.

1 commentaire:

William Drouin a dit...

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