21 septembre 2009

La vérité




Je ne crois pas que ce soit vraiment vrai, je veux dire de toute façon, la vérité n’est jamais vraiment vraie, en ce sens où ce qui est vrai ne l’est jamais plus longtemps que le temps qu’il faut à une chose pour passer de vraie à fausse ; c’est-à-dire qu’une chose peut être vraie, puis devenir fausse du jour au lendemain. De la même manière, certaines vérités sont vraies pour certains (dieu existe), alors qu’elles sont complètement fausses pour d’autres.À chaque personne correspond donc une vérité. Et cette vérité individuelle ne peut pas être contredite, car si c’est vrai pour un, quand bien même cela serait faux pour l’autre, cela demeure vrai pour l’un. Et lorsque cet un énonce une vérité, s’il y croit véritablement, on ne peut alors douter de la véracité de son propos. Si vous me dites : je n’ai jamais eu de père. Cette affirmation est assurément fausse, et pourtant, vous y croyez dur comme fer, qui plus est vous ne mentez pas lorsque vous l’énoncez. C’est donc dire que chaque vérité sous-entend un mensonge partiel qu’il faut élaguer de l’énonciation pour mieux comprendre le message qui est dit. Ce message demeurera toujours sincère, car celui qui ment se retrouve pratiquement dans la même position de celui qui ment sans savoir qu’il ment ; il croit dire une vérité, alors que d’autres vérités existent. Pourtant, la vérité que l’on énonce fièrement et sincèrement semble toujours être la bonne. Et celui qui affirme ce qu’il croit être vrai, alors que c’est mensonge, ne devrait pas être qualifié de menteur. Je veux dire par là qu’un mensonge n’est mensonge que lorsque l’énonciateur sait qu’il ment ; l’interlocuteur, quant à lui, peut bien connaître une vérité différente de celle de l’énonciateur : cela importe peu, car le seul devoir de l’énonciateur est d’énoncer un message qui soit fidèle à la sincérité dont il est capable de faire preuve. Autrement dit, un message peut être une vérité pour celui qui énonce, mais un mensonge pour celui qui reçoit. Pourtant, celui qui énonce devrait être maître de ce qui énonce, et lui seul devrait détenir le droit de dire si ce qu’il dit est vrai ou faux. Et compte tenu du fait que chaque vérité est vraie, quoiqu’elle puisse comporter un soupçon de mensonge, si ce mensonge n’existe pas chez l’énonciateur, il faut assurément que l’interlocuteur fasse abstraction de ce mensonge et demeure confiant quant à la véracité du message qui se trouve devant lui : 

Non, je ne t’ai pas trompée.

1 commentaire:

William Drouin a dit...

Appréciation de l'auteur : * *