26 mars 2010

Suicidaires

Je pleure chaque fois que je me nettoie. La céramique de la douche m’angoisse. Je n’ai pas d’âme. On m’a fait sans âme. Je suis né sans. Je roule mes orteils dans la boue. Et je trouve drôles les grains de sables qui s’accrochent à la peau sous mes ongles. Je fais la vaisselle sans gant. Je passe l’aspirateur sans aspirateur. Je ne prends plus la peine de déplacer les objets. Je ne suis pas interstellaire. Je ne suis pas immortel. Je sais que je suis en train de mourir. Qu’à chaque seconde un coup de marteau me frappe la tête jusqu’à m’assommer définitivement.

Je ne veux pas contrôler le marteau. Je ne veux pas inventer de clous. La vie est bête, salope et sale. Elle ne fait pas les génies, elle fait les morts et la cervelle du veau pour manger. La vie n’est pas agréable, elle nous plante comme des carottes dont les feuilles seront arrachées dans le jardin. Il n’y a pas de travail, il n’y a que de la patience. Il n’y a que du temps, qui s’écoule et que l’on voit s’écouler jusqu’à ce qu’il déracine les patates.

Il n’y a pas d’avocats. Il y a les juges avec leurs coups de marteau. Mais il n’y a pas de tête. Les têtes qui s’offrent aux marteaux sont déjà mortes. On s’épuise à frapper des patates mortes, alors que tout reste à faire pour ceux qui n’ont pas de grappe.

Je vous déteste et rien ne pousse à vous aimer. Vous êtes cons. Vous méprisez vos amis pour des questions d’amour. Vous voyagez pour oublier l’emprise de votre travail. Chaque fois que vous expirez, c’est pour soulager votre stress. Vous voulez absolument évacuer votre vie. Vous n’en voulez plus.

Vous voulez mourir. Mais vous oubliez qu’il y a des gens qui ont besoin d’aide.

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