4 mars 2010

Le cidre



Fabé : Je vous assure, je n’ai jamais eu ce genre de problèmes gastriques auparavant... Ça doit être à cause du cidre que j’ai bu la veille. Les pommes, vous savez, ça fait...

Creuze : Vous avez chié combien de fois cette semaine?

Fabé : Au moins trente fois.

Creuze : Vous mangez beaucoup de patates?

Fabé : Pilées, oui. Au moins une fois par mois.

Creuze : Pilées, ça ne compte pas. Il faut vous endurcir l’estomac... 

Fabé : Mais Docteur, j’ai l’impression que les patates dures se pilent d’elles-mêmes dans mon estomac tellement il est ramolli.

Creuze : Quand avez-vous bu du cidre pour la dernière fois? 

Fabé : La veille.

Creuze : Et si je vous avais posé la même question hier, que m’auriez-vous répondu?

Fabé : La veille.

Creuze : Sérieusement, combien de verres de cidre buvez-vous par jour?

Fabé : Aucun. Je n’en bois que la veille.

Creuze : Mais ce soir, quand vous rentrerez chez vous, nous serons la veille de demain, non?

Fabé : Oui, et c’est bien pourquoi je prendrai mon cidre.

Creuze : Vous prendrez donc un verre de cidre ce soir!

Fabé : Non, je ne bois jamais le jour, je ne bois que la veille.

Creuze : Mais demain matin, vous viendrez me voir, vous me parlerez de vos problèmes gastriques et vous me direz que vous avez bu du cidre la veille! Mais cette veille-là aura lieu ce soir!

Fabé : Je n’ai jamais dit que je viendrais vous voir demain matin. Je vous parle d’un problème urgent et vous me parlez de demain... Pendant ce temps, moi je continue de chier dans mes culottes! 

Creuze : Je peux vous mettre une couche si vous voulez, mais votre réel problème, il est mental. Si vous arrêtiez de boire du cidre, vous n’auriez plus de malaises. Mais vous vous obstinez toujours à en boire.

Fabé : Je ne vois pas pourquoi je m’obstinerais à boire du cidre, je déteste ça. Mon frère m’en a offert douze bouteilles hier, et je m’efforce de les boire. Mais c’est bien malgré moi. Je préfère manger des patates et suivre vos conseils.

Creuze : Mais vous ne suivez pas mes conseils si vous continuez de boire les bouteilles de votre frère, Fabé!

Fabé : J’ai envie! Vous avez des toilettes?

Creuze : Les toilettes sont au bout du couloir à droite... Mais si vous sortez de mon bureau, vous perdez votre place. Je prends un autre patient...

Fabé : Quoi? Tu vas resté là? Je te parle d’un problème gastrique, mais tu préfères rester là plutôt que de venir étudier le problème sur place?!

Creuze : Je connais très bien la constitution de tes selles Fabé... Je sais très bien à quoi ton caca ressemble je n’ai pas besoin de le voir!

Fabé : Si tu savais vraiment à quoi il ressemble, tu serais capable de me prescrire quelque chose! Tu arrêterais de me raconter des histoires de patates et tu me dirais « ah oui, je vois! Je vois bien ce que vous avez! Prenez ceci, prenez cela! »

Creuze : T’es fou, Fabé, ôtez tes fesses de mon bureau!

Fabé : Attends, t’as sûrement un médicament pour ça, quelque part dans tes tiroirs!

Creuze : C’est bon, ça va Fabé, remonte ton pantalon! Prends ça et dégage!

Fabé : Un billet de banque?

Creuze : Oui, vas t’acheter une douzaine de bouteilles de cidre et fous-moi la paix!

Fabé : Des bouteilles de quoi, Docteur?

Creuze : De cidre, pauvre con... Des bouteilles de cidre. Prends-en douze et bois-les à ma santé. Si tu pouvais seulement te chier la cervelle une fois pour toutes...

Fabé : On se revoit demain, Docteur?

Creuze : Oui, bien sûr....... À la même heure, petit frère...

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