21 août 2011

Poisson sur banc vert sur gazon

J’écris sur un banc vert, sur gazon vert, je me suis calmé on dirait, épuisé de me battre en mer au bout de fil à pêche. Je me suis laissé pêcher. Je me suis laissé bouffer. On m’a cuisiné avec de la ciboulette toutes sortes d’herbes et des pommes de terre cuites dans un four sur grille sale.

Mes os, mes arêtes, dans un sac-poubelle, je me souviens de l’époque où j’avais quelque chose dans le ventre. Chair, oeufs, tout ça, amour et cris, bulles de savon bulles de mer sur fond blanc. Maintenant je suis farci d’épices et je fais le calme sur l’eau des tables au restaurant, devant des filles qui ne m’aiment pas, devant des hommes qui me mangent même si je n’ai jamais choisi qui des deux je préférais. Je fuis les tableaux. Je fuis l’art, les peintres qui voudraient faire de moi la nature morte. Le monde me goûte et me dégoûte. Je ne remuerai plus rien, ni jambe ni oeil. Je fixerai ce qu’il y a là, tant que ce qui est là y sera, banc vert sur gazon vert, et le jour où mes paupières se fermeront, ça sera le jour où elles auront décidé de ne plus jamais s’ouvrir.

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