21 août 2011

Pas de parole

Et puis de toute façon je ne sais pas pourquoi j’écris. Ceux qui ne savent pas lire n’ont rien à foutre de mes histoires. Et ceux qui savent lire, ils ne lisent pas mes histoires. Ils lisent autre chose. Des romans policiers. Des romans érotiques où des policiers introduisent des pistolets dans l’anus d’autres policiers, dans des champs où poussent des fleurs. Les fleurs du mal. Le genre de fleurs qui ne poussent pas chez moi. Moi, dans mon jardin, il n’y a que des courges. Grosses et laides. Pourries. C’est embêtant parce qu’à la grosseur qu’elles ont, elles n’entreraient jamais dans le cul d’un policier. 

Je m’étais juré que je ne parlerais jamais des anus de la police. La gendarmerie. Je vous dis. Je n’ai pas de parole. Je m’étais aussi juré que je n’écrirais jamais, il y a longtemps de ça. Et puis, il n’y a pas si longtemps, j’ai dit que je n’avais pas de parole. Je vais le redire, je pense, bientôt. Il y a certains mots que je ne me lasserai jamais de dire. Bliquerot. Savande. Mélasse.

Je n’ai pas de parole.

Ceux qui ne savent pas lire ne me connaissent pas. Ceux qui savent lire non plus. Personne ne me connaît. Une fois, j’ai connu un policier. Il avait un gros chien. Un berger-allemand. Le soir dans la forêt, il se masturbait avec son chien. Je le sais parce qu’un jour je lui ai demandé pourquoi il avait toutes ces marques sur la nuque. Il m’a dit : 
- Ce sont des marques de griffes. Les griffes de mon chien. Le soir je me masturbe avec lui.

Ou alors c’était dans un roman érotique. Ou alors c’était dans la forêt. De toute façon, je n’ai jamais connu ce policier. C’est un ami qui m’a raconté l’histoire. Une histoire qu’il avait lue. Dans un roman érotique. Dans la forêt. Avec un chien. De toute façon on s’en fout. Je n’ai jamais eu d’ami.

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