21 août 2011

Natalie

Je n’aime pas ma copine. Ma petite amie. Ma blonde. Ma meuf. Mon adultère. Ma femme. Ma supercherie. Elle a tous les noms. Ses amis l’appellent Charlotte. Moi je l’appelle porcine, pique-dent, vampire, drogue. Je ne suis pas son ami alors je l’appelle du nom que je veux. Elle est arrivée en moi sans que je l’aie demandée jamais. La stupidité de l’amour m’est tombée dessus comme les fesses de cupidon m’ont déféqué dessus à la dernière Saint-Valentin. 

Je m’étais planifié une petite soirée romantique, loin de mon ignoble copine, évidemment, dans son dos, sans qu’elle ne sache rien, un petit souper chez Natalie, un brin de femme merveilleuse, sans poil ni hanche, un corps de top-modèle dans lequel je comptais bien éjaculer cinq fois avant de m’allumer une cigarette. C’était une femme dans laquelle au moins trente hommes étaient déjà passés. Le nombre m’était bien égal. Que j’y aie été le trente et unième ou le deuxième, j’avais juste envie de m’enfoncer dans quelque chose de neuf. Peu importe les chiffres, disons, quelque chose de nouveau, ça fait toujours plaisir.

Quand Natalie m’a ouvert la porte, elle s’est présentée devant moi avec une bière à la main. Elle a bu tout le temps de notre rencontre. Même pendant le souper, elle s’est enfilé cinq shoots, de vodka ou je sais pas quoi, comme quoi il n’y avait rien pour lui couper l’envie d’avoir du plaisir. Déjà, moi je pensais : ça fait changement du thé glacé que ma copine boit à petites gorgées devant la télé.

Je comptais bien trompé ma bonde ce soir-là. La Saint-Valentin a toujours été pour moi une fête religieuse. Il y a des anges, quelque part, qui ont décidé que le 14 février était fait pour baiser, célibataire ou pas. J’ai la foi et je tiens à dire que c’est par pure croyance que j’ai demandé à Natalie si elle voulait fourrer. Elle n’a rien répondu sur le coup. Elle s’est versé un dixième shooter, peu importe les chiffres, disons, qu’elle était bien bourrée mais ça ne l’a pas empêché de viser ma bouche là où mes mots sortaient, et mon pénis là où il ne demandait qu’à sortir. 

Elle a sorti le phallus de mon pantalon et elle a joué avec mon truc comme si c’était là son cadeau de Saint-Valentin. C’était enivrant, et pourtant, je pensais encore à Charlotte, à son corps hideux, flasque de cinquante ans, pensant : merde je serais prêt à divorcer demain matin en échange d’une érection. Et puisque j’ai toujours cru aux fêtes religieuses, Dieu a répondu à ma prière : ma tige s’est élevée entre les lèvres de la pulpeuse et j’ai pu être précoce à mon goût, deux petits coups et puis voilà, la Natalie au visage dégoulinant, visqueuse pleine de dégoût. J’ai fait sur son visage ce que ma copine n’aurait jamais accepté que je fasse. 

Natalie a vomi un coup aux toilettes. Elle avait trop bu. De vodka ou de sperme, peut-être, je ne sais pas, elle ne m’a jamais dit. Elle m’a poussé hors de chez elle avec un râteau, comme si je n’étais rien qu’un tas de feuilles, je ne sais pas pourquoi. Elle a voulu oublier notre rencontre mémorable. Elle a dû tomber amoureuse de moi, comme toutes les femmes tombent chaque fois que je déverse sur elles ma substance testiculaire. 

Après qu’elle m’ait mis à la porte, j’ai trouvé un parc non loin de chez Natalie où j’ai pu écrire. Cette petite mesquine qui avait abusé de moi n’en savait rien, mais je lui avais piqué une bouteille de bière dans son frigo. J’ai pu boire sur un banc en écrivant quelques pages.

Je suis retourné à mon appartement complètement ivre. C’est à peine si je reconnaissais mon salon, ma télé, ma copine, Charlotte. Elle m’a demandé où j’avais passé la soirée. Elle a dit :
- Natalie m’a appelé.

Ça tournait beaucoup dans ma tête alors je n’ai rien répondu. Je n'avais pas envie de parler de Natalie, la meilleure amie de Charlotte. Cette dernière a continué :
- Vous êtes allé au cinéma?

J’ai crié non. J’ai crié non parce que je n’étais pas allé au cinéma, mais aussi parce que je venais de réaliser que j’avais oublié mon stylo préféré sur le banc au parc. Et puis je suis tombé sur le cul juste au moment où Charlotte m’a dit :
- Natalie dit qu’elle t’a vu au parc devant chez elle. Tu devais pas aller souper chez elle ce soir?
- J’y suis pas allé. C’est une folle. Je suis sûr qu’elle aurait voulu faire des trucs sexuels, avec des râteaux, le genre de choses qu’elle entre dans le cul de tous ceux qui vont la visiter. Elle me fait peur cette fille. J’ai écrit à la place. Dans le parc où elle m'a vu. J’ai écrit que je ne t’aimais pas, que tu étais laide, plein de trucs horribles, et j'ai inventé une histoire dans laquelle j'allais souper avec Natalie. C’est marrant. Tu devrais lire.
- Mets-le sur Facebook. J’irai voir demain.

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