21 août 2011

Le chaud me fait froid

Quand j’entre dans un bain chaud, ma peau se couvre de frissons. J’ai remarqué que ces frissons étaient les mêmes que lorsque j’entre dans une piscine froide. C’est une curieuse observation. Moi qui croyais que les frissons étaient réservés aux températures froides, tout porte à croire que, chauds ou froids, les frissons se présentent partout là où le corps change radicalement de température. 

Les frissons surviennent dans un bain chaud lorsque le corps ne s’attend pas à ce que l’eau y soit si chaude. Car oui, quand je parle d’un bain chaud, je parle de l’eau qu’il y a dedans. Je ne parle pas d’un bain qui soit chaud mais vide.

Je ne crois pas qu’on puisse acheter un bain qui soit chaud en permanence. Peu importe que le magasin dans lequel vous avez acheté ce bain ait été climatisé ou chauffé, après avoir acheté le bain, sitôt sorti du magasin, la température du bain est égale à celle de la température ambiante. C’est la chaleur de l’eau qui chauffe le bain ou refroidit la piscine. 

Ce n’est pas quand j’entre dans un bain chaud et vide que ma peau se couvre de frissons. Non, c’est quand l’eau y est chaude. Oui. N’empêche, un bain chaud, tout le monde comprend. 

*

Toujours est-il que j’étais dans ce bain avec un verre de vin. Dans ma main. Le verre de vin était dans ma main. Le bain n’y était pas, non, le bain n’était ni dans mon verre, ni dans ma main. C’est moi qui étais dans le bain. Si le bain avait été dans mon verre de vin, il aurait été à une température égale à celle de mon vin. Et cette température n’aurait pas été assez chaude pour me donner des frissons.

Je prenais mon bain avec un verre de vin. Je ne le prenais pas avec lui comme on prend un bain avec un jouet. Non. Si j’avais voulu un jouet, j’aurais parlé d’un canard flottant, d’un dinosaure en plastique ou d’une poupée gonflable. Pas le genre de poupées qu’on gonfle dans le lit, non, celles qui flottent sur l’eau, juste pour rire. Pas pour le sexe. Mais pour le jeu. D’accord, oui, le sexe est parfois un jeu, mais moi je parle de bouées, d’objets que l’on gonfle, poupées ou guerriers, sur l’eau afin qu’ils restent à la surface. Et je n’avais rien de tout ça. Est-ce qu’il faut vraiment que je justifie toujours chacun de mes mots?

*

Je prenais un bain avec un verre de vin dans ma main et, au bout d’un certain temps, les frissons sur ma peau ont disparu. Je m’étais acclimaté à la température de l’eau dans laquelle j’étais entré. J’ai bu une gorgée. Je me détendais. Tout allait bien. Jusqu’à ce que je m’aperçoive que je n’avais pas de serviette. J’ai dû sortir du bain pour en chercher une dans le panier à linge. N’en trouvant pas, j’ai commencé à frissonner. Mon corps mouillé s’acclimatait mal aux courants d’air qu’il y avait dans l’appartement. Je frissonnais de froid. J’ai regretté m’être fait couler un bain chaud.

J’ai regretté m’être fait couler ce bain même si, en réalité, sans le savoir, chauds ou froids, les bains ne coulent jamais. Ils coulent lorsqu’ils sont percés, peut-être, mais sinon, ils sont beaucoup trop solides pour couler. Coulent les fluides. Coule l’eau. Les bains fuient, parfois, mais ils ne fuient qu’à cause des fuites. Alors on dit qu’ils coulent. Mais ils ne fuient pas avec leurs jambes. Ils n’ont jamais eu de jambes, d’ailleurs, enfin, faut-il vraiment que je vous dise que les bains n’ont jamais eu de jambes?

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