28 janvier 2010

Ortiste et Sistor

Ortiste : C’est fait. Je n’ai plus rien à écrire.

Sistor : Mais... Ça ne fait qu’une seule page! Ce n’est pas sérieux! Aucune maison d’édition acceptera de publier ta page!... Je t’ai dit d’écrire ta vie!

Ortiste : Ma vie s’est résumée à ma page...

Sistor : Je ne t’ai jamais dit de faire un résumé!

Ortiste : Je préfère les résumés c’est plus court et ça sauve du temps! C’est une maladie? Faire des résumés?

Sistor : Probablement. Parce que c’est important de s’appliquer! C’est ta vie que tu veux publier! Il faut peaufiner, allez, on arrange ça. Tu dis que tu es né malgré toi. Tu veux dire quoi?

Ortiste : Que maman a décidé de ma naissance et que moi j’ai suivi...

Sistor. Voilà, ça fait déjà plus de mots... Euhm, et le cordon était enroulé. Quel cordon? Où? Comment?

Ortiste : Mais tu le sais. Tu connais l’histoire. Le cordon ombilical était enroulé autour de mon cou...

Sistor : Oui, c’est juste! Comme si tu avais voulu te pendre dès la naissance! Eh bien, c’est bien meilleur dit comme ça... Attends, je note...

Ortiste : Pourquoi tu notes? Tu n’as qu’à te souvenir. Tu n’as pas de mémoire?

Sistor : Ça aide surtout les gens à se souvenir!

Ortiste : Les gens n’ont pas de mémoire?

Sistor : Les gens ne te connaissent pas! Moi, je suis ta soeur, c’est pas pareil. Les gens ne sont pas tes soeurs.

Ortiste : Ce n’est pas une raison pour ne pas avoir de mémoire...

Sistor : ? Haha!

Ortiste : Là tu te moques!

Sistor : Non! Tais-toi, tu as fait une blague. Bon, ensuite tu as écrit : « Je suis malade, je suis peut-être fou, papa n’a jamais voulu dire. » Ça veut dire quoi?

Ortiste : Que je suis malade et peut-être fou. Et que papa ne parlait pas beaucoup...

Sistor : Mais il faut expliquer aux gens Ortiste. Ils ne peuvent pas lire dans ta tête!

Ortiste : J’ai consulté pour mes maladies, j’ai essayé de régler mes folies, mais ça n’a rien fait parce que papa ne parlait pas beaucoup... C’est mieux?

Sistor : Nah, tu ne sais pas écrire. Laisse-moi faire : le diagnostic du docteur n’a rien réglé, mes angoisses ont persisté et persistent encore. Quant à ma relation avec Daphnée, je crois bien ne pas être capable de réparer les morceaux brisés. C’est foutu. Comme papa avec maman. Je suis une tombe. Je suis incapable de parler aux autres.

Ortiste : Je ne fais plus d’angoisse.

Sistor : Si tu en fais. C’est mieux comme ça. C’est beau comme ça.

Ortiste : L’angoisse ce n’est pas beau. Tu n’as jamais vu.

Sistor : Je vois! Haha je vois très bien puisque je te vois toi. Gna.

Ortiste : Je n’ai plus envie d’écrire ma vie.

Sistor : Pourquoi il faut toujours que tu gâches tout? Et depuis quand tu décides, toi?

Ortiste : Je ne gâche pas, je veux effacer. Comme si de rien... Comme si rien n’avait été.

Sistor : Je vais continuer toute seule, c’est tout. Je vais l’écrire, moi, ta vie! C’est toi l’inspiration.

Ortiste : Quelque chose à laquelle on pense souvent et qui est assez valable pour en faire un objet concret... Mais je suis déjà concret...

Sistor : Tu pourrais l’être un peu plus.

Ortiste : Comment?

Sistor : En écrivant ce que tu ressens, idiot!

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