27 mai 2007

Toulouse

Europe que je visitais la ville de ce chien endormi qui s’étire au réveil de ses pattes de bébé qui bâille la paresse démanchée de mon dimanche qui braille avec l’envol sur l’océan de ce chien mouillé pour la poursuite du voyage que j’ai l’odeur de ses rues vierges qui remontent sur mes cuisses aussi sévères que le vaccin de ma protection sur ce chien de ma poche voyageuse du sac à dos que je traînais avec la tente des nuits gelées par les montagnes dessinées au creux de l’œil de ce chien dont je suis maintenant le père masculin comme il est dans ma fièvre canine de l’allergie de mon sang j’ai eu le petit instinct de visiter le chien de ma sueur d’animalerie sur les terrains qui sont les miens désormais les hôtels sont vides à la ville de mon vide à rachel que je revenais sur montréal la langue molle amoureux d’une jeanne d’arc la statue d’une fille pucelle que je ne connaissais pas ce métal si loin de mes lilas qui sentent encore rachel qui me dit qu’elle est amoureuse du petit chien dans les champs et le petit chien courait à en perdre son poil dans un petit chemin où il y avait du lilas et j’ai à te dire toulouse chien de ma ville que je n’aime pas les humains sauf celle-ci qui s’appelle rachel c’est une fille qui est aussi moi alors si tu ne l’aimes pas je ne t’aime pas toulouse n’oublie pas que c’est à cause d’elle que mes phrases sont de plus en plus décousues avec le temps et qu’il est difficile d’y voir quelque chose ce n’est pas vrai que les émotions sont inexprimables huit cents mots finiront bien par me donner à moi l’idée d’une émotion que j’ai eue sur le coup et si tu ne comprends pas ce que je t’écris petit chien je ne pleurerai pas c’est vrai que tu es un chien auquel je ne m’adapterai jamais alors j’écrirai à rachel l’espérance que j’ai dans le sang l’envie de te parler rachel et que se séparent de moi les mots jusqu’à demain ce n’est pas vrai que les émotions ne s’écrivent pas il suffit de juxtaposer les mots et je tentais de décrire les espaces morts et vides que j’ai dans la tête mais toujours tes couleurs me prenaient de guerre affreuse je crois qu’une jeanne d’arc s’est consumée à l’intérieur de moi et qu’elle brûle d’armures et de statues religieuses que j’ai envie de te parler mais que le vide prend trop d’espace il faut que vous m’aidiez toi et ton odeur de nostalgie je sais que les lilas ne sentent pas les lilas non ils sentent toi qui me dit de regarder les lilas et soudain tout sent toi je n’ai dans le sang que cette pénible image de ces foutus draps pleins de toi dont j’ai parlé cent fois maintenant il faut que je me résigne que je me taise et que ma bouche se referme oui qu’elle se referme mais il me reste l’espoir qu’elle se referme sur la tienne et autre chose dans l’appartement il y a ce plancher douteux que je redoute toujours de la peur qu’il s’effondre et si tu n’étais pas là et si j’étais sur le point de mourir alors deux choix s’offriraient à moi et ce sont ceux-là le premier serait de faire le 911 et le deuxième serait de ramper jusqu’au bout de papier qui traîne et de t’écrire une dernière chose et la chose serait celle-ci que dorénavant je serai toi rachel pour toutes les fois où je t’ai parlé de la fusion impossible de toi et de moi je ferais en sorte que la fusion se fasse et avec un peu de chance beaucoup d’espoir et un peu de mort je serais avec toi comme les fantômes gentils peuvent exister mieux que tous les humains que je hais et autre chose c’est que tout ce que j’écris se fait flou entremêlé dans les poils d’un chien bébé de notre enfance et que personne ne comprend évidemment ce que tu peux être maman serait-ce que j’ai perdu le don de ma naissance si tu ne peins plus je n’écris plus mais pourrions-nous être plus morts qu’écrivains plus morts que peintres je pose la question comme le plancher vient de s’effondrer et je t’aime et si le résultat est que je t’aime la preuve est faite que je ne devrais pas avoir peur et que devrais-je entrecouper ce texte de refrains je ne fais pas de musique mais si tes doigts font trembler quelques cordes et planchers je crierai aux oiseaux sur les branches que te voilà et te voilà jusqu’à demain je ne ferai pas pourrir les vieux fruits secs dans les cimes des arbres noirs que nous sommes rien que des arbres noirs qui tardent à mourir parce que quelque chose se vengera sur nous à la manière de la vague que je dessine souvent mais j’ai à te dire que je te protégerai de l’éclatement par la force de ma jeanne d’arc consumée si jamais la vague nous emportait jusque dans les profondeurs de notre mémoire je sortirais mes incendies et la vague n’emporterait pas le souvenir de notre voyage et de ce chien à l’odeur de la pluie sur les lilas que je vois encore sur cet horizon qui sent toi qui me dit de regarder l’horizon à l’infini tu sais combien l’infini me fait peur et si j’ai peur de t’aimer c’est parce que je t’aime à l’infini.

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