13 mai 2007

Moribonde

Ne dis rien!
Ne dis rien moribonde!
Moribonde va!

Je me citais décousu par ici par là, une rose jaune de lèvres que j’aimais rouges sur fond blanc, je me suicidais d’archétypes et sortais les grands mots et sortais les grands mots terribles sur ma table style Mondrian dépassé par les événements l’odeur de gaz à effet de ventilations bizarres que je me tuais de toi de ta superbe dentelle au niveau du cou miam du dedans du comment fais-tu pour avoir une nuque comme ça je me surprenais moi-même de désirs que je répétais trop souvent, sacrée poubelle qui me recycle, ah sacrée poubelle qui m’assassine l’infect du dedans! je m’atroçais d’un disparu, moi, trou d’herbes mortes depuis toi que j’ai l’insomnie sur mes deux oreilles depuis toi : je me trouais le nœud coulant super serré sur une chaise de ma table style Mondrian pour que puissent se renverser les jaloux sous mes pieds et hop quoi, tu m’arrives par-dessus le ciel de ce que je suis croyant et me tires l’épine du corps, me renverses comme une folle et m’attrapes le pied dans un sourire aussi haut que ça, petite fille de la sainteté, enfant de ma vie! Moribonde va!

Ne dis rien!
Ne dis rien et va!

L’exécution de mon espace devait se passer à la manière du big-bang sur les murs de joli sang comme les enfants en sont pleins, mais au lieu de ce lieu, toi l’ange de dentelle refaite d’outre-tombe me pends quelque chose de grave, enfin tu me dis « ne dis rien et va » exactement comme si les rôles s’inversaient à la forme de l’hilarité tu veux rire, pas moi, pas moi! c’est moi, l’estropié qui dit que c’est atroce d’être gentil quand on est deux brillants mortels mis ensemble pour le mariage forcé des étoiles pleines de vides que je voulais le big-bang sur ma mort éclairée d’un chiffre qui n’existe pas de feux passionnels de passions géniales trou d’herbe évolué! trou d’herbe évolué en cratère de lune donne-moi cette échelle! donne-moi l’échelle et ne dis rien!

Ne dis rien et va!

Folle, va et laisse-moi l’échelle que je puisse me percher plus haut et mourir à ta place, va comme le délire de nous sur la Sainte Table Mondrian le peintre toujours peintre et ressuscité de dentelles en toi, que je respire! que je respire ce peintre que je ne suis pas! et que je respire l’appartement dans l’eau épaisse de mon éclatement raté, comme ton père l’avait dit, que l’éclatement est impossible lorsque sous l’eau et s’il faut que je sois poisson jusqu’à ma mort, je le serai cru! je le serai cru! et tu ne diras rien et tu iras!

Moribonde va!

Dans les dentelles des jusqu’à-tes-pieds qui me voilaient mort, la cheville pour laquelle je me voulais mort, je ne l’étais pas et m’entêtais à dire que me voilà mort! je criais cela que me voilà mort! me voilà mort! je me voilais mort et toi, toujours tu me sors à la pelle et me pêche et me pêche, la canne d’hameçons sur le poisson cru que je suis et s’il y a quelque chose à dire encore, c’est que tu ne diras rien!

Tu iras!

Moribonde de ma vie de poisson cru que je suis d’animal mal, mal hameçonné dans les affres de mes affreusetés que je dis qu’aucun chat n’entrera ici, et aucun chat n’entrera ici avant que je ne sois mort! et la foutue dentelle déchirée de griffes de chats de cimetière que je t’ai expliquée hier dans l’autre poème, elle t’enroule la cheville morcelée de mort semée dans la cime de l’arbre du cimetière dans lequel ce chat pleure que « oh, viens me rejoindre! » et tu y vas! et pour me faire accepter ce chat sur Notre Table Mondrian et me faire croire qu’il ne m’avalera pas la sardine de mon corps, il a fallu que tu me le déchires en mille morceaux de couleurs quadrillées exactement, exactement comme le bien-aimé peintre pour me prouver qu’il n’existait pas plus que moi, et que tu m’aimes, et que tu m’aimes jusqu’à la mort ah, moribonde de fille! tu as la mort dans ma peau et la peau dans l’amour! puisque je te dis que je suis mort pour toi depuis longtemps et que je ne fais que résister aux échecs de l’éclatement de mon eau! Poisson mort que je suis!

Moribonde!
Va!
Et tu iras.

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