13 mai 2007

Submersion massive

Je suis celui à qui le texte le plus long déferle, rocher qui écrit, fleuve qui t’écrit; je t’écris pour que l’eau me regagne de vagues à chaque espace de vanité honteuse – Honte à moi, que l’eau m’inonde jusqu’à ce ciel aussi noir qu’une vague tourbillonnante! Poisson cru que je ne cesse de dire, que j’étais à espérer le jour où ce chat viendrait terminer ce qu’il avait commencé aux rivages de mes périples, aux flancs des masses de sable blanc : je ne t’attendais plus, chat vidé de mon eau, je ne t’attendais plus en ce lieu qui n’était pas le mien pour ce que je ne respire pas de sable et de coquillages secs!

Submersion massive!
Submersion massive!

Je quittais l’air du dehors à la tendre suffocation de mes espérances que l’eau m’étrangle jusqu’à la liberté de toi, ma chérie, tranche-moi la tête, et dévore-moi le corps sans la tête, ma tête aux gros yeux vides d’animal sur la glace que je perce, sang chaud que je n’ai pas, mais que je suis nordique! mais que je suis nordique! ne dis pas que je suis incapable d'aucune respiration, mais que je suis nordique!

Submersion massive!
Submersion massive que la tempête éclatait de pluie sur toi en nausées difficiles, chaleurs de toi dans les voiles des bateaux et moi qui respirais par l’élan de mon plongeon, je me réfugiais sous l’eau de ma peine en cet océan que j’avais rempli autrefois en ce temps de larmes de toi et enfin, comme s’il n’y avait pas meilleure solitude que la mienne, je te détestais au plus profond de ce ventre que j’avais écorché, au plus dur de mes récifs sanglants! je te détestais de répliques haineuses en ce que tu portais d’haineux, que tu refusais de voir la vie que j’expirais par l’écriture!

Viens, que je t’inonde de larmes!

Justice de la mer! Submersion massive!
La masse de mes écailles sur le rocher de notre rencontre, submergé d’algues nostalgiques comme s’il s’agissait de ces draps que nous tendions autour du lit jusqu’aux coins des plafonds, jusqu’à ce que tu pleures, véritable déchirée, jusqu’à ce que tu pleures de tempêtes folles dans les champs de notre enfance et les feuilles mortes, et les feuilles mortes qu’elles se soulèvent jusqu’à la mer, qu’elles commémorent l’odeur de notre mort qui ne me manque plus!

Submersion massive!
Submersion massive!

Submersion massive de mon corps qui n’était plus pour toi qu’une peau nocturne de draps réconfortants : mes courbes regagnaient les vapeurs de l’océan pour que je ne parvienne plus à oublier notre mort et que cette mort me manquait, qu’elle me manquait si bien que je meurs encore de cette mort dans tes bras secs, sueur que je n’espère plus; la vague m’emportait et ton odeur me revenait sous la forme d’un départ triste et de tes derniers échos désespérés – La mémoire revenait enfin à ma cervelle ramollie par les vagues du ciel jusqu’à toi, submersion massive du vide que j’avais à briser sur le sable de tes rides et de tes paupières endormies.

S’il faut que tu me donnes ce que la mort de mes eaux m’a refusé, je te couvrirai par le retrait de ma liberté :

Submersion massive!
Submersion massive de mon corps!
Par l’épaisseur des remous que j’appelais par ton nom, je rampais dans les eaux profondes du vide et de l’inconnu pour la mort que nous avions eue et je criais la rage inutile de ce que nous étions, ce cri perçant de rage qui transperçait le mouvement des requins affamés de moi, pour que je survive, un dernier instant je rampais du plus lourd de mon corps et que cette terre visqueuse se redresse au fond de la mer, que le sol m’explose, en souvenir du passé, m’éclate et me dévore entre les dents de mes rêves! – Submersion massive que je priais pour cette mort d’autrefois que tu m’avais donnée à la manière d’une gamine atroce et qui m’arrachait absolument, que je priais que la mort se soulève sur le sable!

Aux flancs des masses de sable blanc, une colère s’élevait et les vagues, géantes, brisaient les dernières existences de toi – Et moi je frappe du revers d’une main la boue de mon océan, ce qu’il reste de ce que je n’ai pas avalé en cette mer qui se déchaîne! et remontent les bateaux jusqu’à l’horizon! et saignent les chats dans les arbres mouillés de ma submersion massive! je m’explose sur les vertiges des hommes, inonde ta peau jusqu’à la rouille pour cette peine d’autrefois, il ne restera rien, je m’explose d’eau violente sur le sable et la terre, sur le soleil et les astres il ne restera rien, que l’eau de mes essences de poisson cru, poisson cru que je dis! donne réponse au vent sec qui m’irrite depuis les profondeurs de l’océan!

Submersion massive!
Submersion massive!

Submersion massive et ceux qui tentent de survivre encore ne survivront pas, pour ce chat qui me dévorait, je sortirai les dents de mes requins et trancherai ce que j’ai eu d’amour pour toi, chérie de ma suffocation maritime, par les bateaux rouges comme le sang des alarmes, je nage encore et répandrai l’eau sur ce que tu m’as craché de serpents et de déserts! je transpirerai sur les déserts et nagerai sur toi jusqu’à ce que je t’évapore de naufrages, je nagerai encore avant l’envol définitif de mon corps d’oiseau et s’il n’est pas possible que les métamorphoses s’allient de cette sorte de confiance démesurée, je me vengerai en faisant de ta carcasse flottante sur les eaux un incendie, véritable chérie, je te ferai l’explosion sincère du plus clair de tes cendres! sur les restes brûlants de toi, j’attendrai que le retour des vagues t’élimine encore et m’emporte moi aussi : je garderai ma propre mort comme les fossiles du fond des océans, pour ce jour de notre rencontre où je rêvais déjà de te submerger, j’attendrai que l’eau se révolte contre moi!

Submersion massive!

Que se détache de l’horizon la vengeance de ma submersion massive, pour la Terre, comme pour les restes de ton évaporation, submersion massive!

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