19 mai 2007

FRAGILE

La fragilité d’un siècle m’appelle depuis le cimetière d’à côté mais qu’est-ce qu’il a ce siècle à crier le martyre d'avec les vers blancs qui le rongent de pauvres âges, s’il faut que j’écrive l’épitaphe de ces cadavres comme si c’était de la famille, inutile de crier à l’os d’une révolte, pauvres cendres que je vois renaître les morts à chacun de mes tremblements intimes, je reconnais les morts tous jeunes encore, ils portent les vestons de leurs pères enfouis sous la terre blanche avec les vers blancs que j’examine depuis toute à l’heure s’il faut que j’écrive l’épitaphe de mes réincarnés, je le ferai pour les inconnus que j’ai manqués!

FRAGILE
Manipulez avec soin!
Handle with care!

Et qu’enfin se transportent les morts jusqu’à moi!
Alexandrin, mon cœur!
Je te coupe!

Tu descendais plein de rage dans la maison de nous deux et tes airs de frère s’effaçaient sous le veston de notre père dont tu rêvais souvent, pauvre frère, je n’étais que le vide de ce que j’écrivais, des derniers mots troublants que j’écrivais aux autres cadavres pendant que tu mourais au plus vrai de ta sincérité et que le silence de mon vide rendait l’amour aveugle et ainsi, je cherche encore l’année de ta mort au plus profond de mes sous-sols Alexandre et surtout, au bord d’un précipice pourquoi ne m’as-tu rien dit de ta mort, pauvre cendre de tous les morts qui me sont apparus vivants, je préfère encore les vivants qui me sont apparus morts et s’il faut que j’écrive l’épitaphe de toi, montre-moi le lieu de ton sommeil, frère de mon sang, que j’extirpe un peu de tes veines et que le sang bleu de tes bras nourrisse les vers blancs qui me trouent de noir depuis ta mort, pauvre inconnu, s’il faut que l’amour nous habite encore proprement, je ferai la dissection de toi!

FRAGILE
Ne pas couper!
Do not cut!

Et que me rongent les vers blancs de mon sous-sol!
Alexandrin, poète!
Je te vide!

Ce sont tous les siècles qui sonnent ta mort tandis que je transporte la fragilité de ton corps dans le sac robuste que tant de pères auraient voulu porter, pauvre frère au veston décousu que je déteste, il fallait que je m’éloigne de la famille pour que les astres s’éliminent entre eux une fois pour toutes et que repose ton corps sur mes épaules de petit insouciant, naïf que je suis à t’ouvrir le ventre pour y trouver l’épitaphe qui soit juste!, incapable que je suis de faire la dissection de notre amour, pour que je t'expédie ailleurs et que tu vives ta mort loin de mon ci-gît et du naïf que j’ai été, à tant vouloir être le vide de celui qui ne fait que rêver : je rêvais d’être mieux que notre père et s’il faut aujourd’hui que l’univers se dessine, tu seras l’étoile et chanceux de l’être mais moi, plus grand que les étoiles, je serai le vide qui les entoure!

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