13 mai 2007

13/05/07

C’est drôle comme le monde écrit. Ils écrivent parce qu’ils ressentent le besoin d’écrire. Ce qui est drôle, c’est qu’ils prennent pour acquis qu’ils savent écrire. Mais ça se perd! C’est pas comme la bicyclette. Moi, des fois je sais écrire, des fois non. Je m’en fous un peu. Mais je sais que ça se pourrait que j’oublie comment écrire. Je prends rien pour acquis.

J’écris comme ça vient. Y en a qui écrivent mieux que moi parce qu’ils sont publiés plus que moi dans les revues. Ils ont sûrement une histoire originale à raconter. C’est vrai je lis pas beaucoup les autres. Je suis comme un cuisinier qui fait de la pizza. Ma pizza c’est ma pizza. Je vais pas aller manger dans d’autres restaurants voir si leurs pizzas sont bonnes. J’aime mieux ma pizza. J’ai pas besoin de la vendre non plus. Je peux la faire goûter à qui je veux. J’aime ça.

Le but c’est pas de publier mille textes, c’est d’en avoir un qu’on aime beaucoup. Publier un roman qu’on aime beaucoup. Je crois. Rachel dit toujours que un c’est mieux que plein. C’est vrai. Moi, j’écris pour faire quelque chose de beau. Si je réussis à faire quelque chose de beau dans un seul petit texte, je suis heureux. Rachel dit qu’en art, il manque souvent la beauté. J’y crois. C’est pas en faisant des choses originales qu’on va faire du beau. Moi, je reste moi-même. Rachel dit qu’il faut rester vrai. C’est important.

Ce qui est vrai, c’est le petit poète au fond de moi. Mon poète fait pas toujours des poèmes. Il fait de tout. Il a plein d’émotions. Rachel dit que les sens sont à la base des émotions. Elle dit aussi que les émotions sont importantes. Le poète au fond de moi a tous les sens, toutes les émotions. Des fois les gens essaient de le tuer. Moi je le fais toujours revivre. J’écris pour survivre. Moi, je meurs si j’écris pas. C’est comme ça. Je suis né comme ça. Rachel dit qu’elle est capable d’arrêter de peindre, des fois, elle peint pas. Elle est capable de souffrir en silence. Ça prend du courage. Elle est comme ça. C’est peut-être parce que c’est une fille. Moi, j’ai le problème de trop écrire des fois. Je veux toujours faire quelque chose de beau.

Des fois je prie pour avoir toujours envie d’écrire. Je prie pour que ça s’arrête jamais. Rachel dit qu’il faut se souvenir qu’on est passionnés d’une chose pour pas la perdre. Il faut que je me souvienne toujours que j’aime écrire. Si je pense trop, j’oublie que j’écris pour le plaisir. Rachel dit que des fois il faut arrêter de penser aux choses sérieuses. J’y crois. Les choses sérieuses font oublier le plaisir. Moi, j’oublie facilement. Je me compare souvent aux poissons parce qu’ils ont une petite mémoire.

J’ai toujours su ce que je voulais faire en écriture, mais ça change souvent. Il doit y avoir une uniformité dans mes textes, sauf que je la vois pas encore. Quelque chose qui relie mes textes entre eux. C’est impossible que mes textes aient aucun rapport entre eux. Je vais découvrir ce rapport-là un jour où l’autre. Rachel dit qu’il faut pas se mettre de pression pour rien. J’écris pour avoir du fun. C’est la seule chose qui compte. J’essaie de faire des textes comme je fais de la peinture. Des fois c’est dur. J’ai beaucoup de plaisir quand je peins. Rachel dit que je suis plus écrivain que peintre. C’est vrai. Mais j’espère qu’un jour j’aurai autant de plaisir avec l’écriture qu’avec la peinture. C’est possible. Mais c’est dur de décrire la couleur qu’on a dans la tête. Ça peut prendre la vie.

Je serais pas malheureux si je devais passer le reste de ma vie à écrire et à rien faire d’autre. Je l’accepterais. Rachel me manquerait. Mais je lui écrirais. Ça passerait. Peut-être. Sauf si elle me lit pas. Là, ça passerait pas.

Je crois que personne comprend vraiment ce que j’écris. La preuve c’est que souvent mes textes les plus poches sont choisis pour les revues, mais que mes meilleurs restent dans les mains de Rachel. Elle est la seule qui comprend vraiment. Rachel voit plus clair que les éditeurs je pense. C’est vrai, j’écris avec des couleurs ou des images dans ma tête. Les couleurs et les images, c’est le domaine des arts plastiques. C’est le domaine de la peinture, ça.

Rachel comprend pas toujours ce que j’écris, mais c’est comme moi je comprends pas toujours ses toiles. L’important, c’est qu’elle aime ce que je fais. Je lui demande souvent ce qu’elle pense de mes textes. Elle répond pas vraiment. Elle aime beaucoup le silence. Rachel dit qu’elle se laisse bercer par le texte. Elle a pas besoin d’analyser pour comprendre. Elle dit qu’elle comprend à sa manière. Et le silence en fait partie. C’est vrai.

J’écris pas vraiment des choses à la mode. J’écris à ma manière. Ça se pourrait que je publie pas beaucoup et que je continue dans l’ombre à écrire des tonnes de textes à chaque jour. C’est pas grave. C’est personnel. Moi, je sais ce qu’ils représentent mes textes. J’essaie pas de les emmener ailleurs. Ce sont mes textes qui m’emmènent ailleurs.

Si personne s’intéresse à ce que je fais parce que c’est pas à la mode, j’aurai toujours le regard de Rachel sur mes textes et le bonheur que ça me fait quand elle me lit, c’est énorme. C’est tout ce qui compte. C’est pour m’asseoir à côté de Rachel que j’écris.

J’en ai rien à faire moi, des autres. Rachel dit que la plupart du temps, les autres sont pas sincères. Ils ont de la misère à être vrais. C’est vrai. Moi, je dis que les autres sont des illusions. Ça m’a pris du temps avant d’arriver à être sincère. Je me pratique toujours. Je crois que j’écris beaucoup. Je crois en ce que j’écris. C’est tout. Tout ce que je veux, c’est écrire. Être lu par une seule personne ça me plaît. Rachel a déjà dit que un c’est mieux que plein. C’est inutile d’écrire pour ceux qui comprennent pas. Je mets le plus de moi-même dans mes textes. Les autres lecteurs sont pas moi-même. Ils m’aiment pas non plus. Ça me donne pas grand-chose d’être lu par eux.

Quand Rachel lit un de mes textes, je m’assois à côté d’elle. Je suis avec elle quand elle me lit. Rachel dit qu’elle aime pas ça que je la regarde quand elle me lit. Je la regarde pas. Je veux seulement être à côté d'elle. J’essaie que mon cerveau lise en même temps qu’elle. J’aime ça. C’est pour m’asseoir à côté de Rachel que j’écris.

Même quand je suis pas là, Rachel peut lire mes textes. Elle peut imaginer que je suis à côté d’elle. Quand je vais être mort, j’espère qu’elle va me lire encore. Elle va savoir que je suis encore à côté d’elle.

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