6 mai 2007

Dehors est une nausée

Dans le bleu clair du ciel, toutes les petites particules de couleurs que j’hallucine; des poussières blanches flottent et descendent jusqu’à terre lorsque j’ose les suivre des yeux. Lorsque je fais semblant de ne pas voir cette cendre blanche qui tombe du ciel, ce sont des mouches phosphorescentes par milliers qui apparaissent. Elles se disputent une place dans mon champ de vision. Parfois, je ne sais plus s’il s’agit de vraies mouches ou de fausses. Il y a si longtemps que mes yeux me jouent des tours. La vérité n’a jamais été aussi aléatoire.

Les branches d’un arbre, devant moi, leurs feuilles instables; des points de couleurs éclatent sur les branches. Il n’y aucun vent, mais les feuilles tremblent dans l’arbre. Je veux dire qu’elles se détachent de leurs branches pour s’avancer jusqu’à moi. Je ne sais plus différencier ce qui est loin de ce qui est proche. Reculez, feuilles! Reculez!

Sous cet arbre, une clôture sursaute; le bois de la clôture se multiplie franchement, se détache lui aussi et remonte jusqu’à la cime de l’arbre pour un instant, pour une fraction de seconde seulement, puis il redescend. Soubresaut visuel, comme si mon cerveau s’amusait avec les morceaux de mes images.

Si je place mon regard ailleurs, la clôture se met à bouger en de mouvements saccadés, étourdissants, jusqu’à ce que mon regard soit bel et bien fixé ailleurs.

Si je place mon regard sur un objet en mouvement, un autobus par exemple, hé bien tout ce qui entoure cet autobus devient comme dans un énorme manège. Un carrousel incessant. Les décors suivent le rythme du carrousel, se répètent deux, trois fois puis disparaissent au fur et à mesure que l’autobus continue d’avancer.

Quant à la perspective, je sais distinguer l’arrière-plan de l’avant-plan. L’avant-plan est cet arbuste et il est simple à reconnaître : je le vois double lorsque je regarde au loin. Deux arbustes se chevauchent nettement, et ce doit être parce que j’ai deux yeux. Le vrai arbuste doit être celui qui n’est pas translucide.

Je ferais mieux de rentrer. Tout bouge. Les choses sont plus faciles à l’intérieur. J’ai toujours eu horreur de l’extérieur. Sauf lorsque tu m’accompagnes. C’est que les distances sans toi me font peur. Dehors est une nausée.

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