2 janvier 2013

Les souvenirs oubliés

Je pensais à un mot, j'ai oublié lequel, et n'y ai plus repensé pendant au moins une semaine. Une semaine, c'est grave. Passé un an, il y a de fortes chances qu'on ne repense plus jamais à la chose à laquelle nous pensions. Et ne plus jamais penser à une chose, c'est l'oublier.

Mon mot devait être cheval ou cheveu, ou chemin ou demain, ou devin ou ravin, ou afin ou enfin, j'ai déjà parlé de ma mémoire. Elle existe bel et bien. Le seul fait de vous en avoir parlé le prouve. Quelqu'un qui n'a plus de mémoire se souviendrait-il d'avoir oublié un mot dont il ne se souvient plus? Je ne pense pas. Après tout, quand les gens oublient une chose, ils se souviennent toujours de l'avoir oubliée. C'est pareil pour moi. Alors pourquoi les pilules? J'ai la certitude de m'être déjà souvenu de toutes ces choses que j'ai oubliées.

Les chiens regardent toujours leur maître avec l'air désespéré de quelqu'un qui a oublié ce dont il aurait dû se souvenir. On ne les blâme pas pour autant. On leur rafraîchit la mémoire, puis ils se souviennent, puis on les récompense avec une tranche de bacon. Pour peu que vous me donniez un indice sur le mot dont j'ai oublié de me souvenir, à savoir si c'était un animal ou non, je serais en train de déguster une cuisse de poulet au citron sur riz basmati.

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