1 juillet 2011

Le blond et le noir

Ils me regardent comme si j’étais le con, le fou échappé, ils me regardent avec cet air qu’ils ont quand je leur dis que c’est possible, que les filles aux cheveux noirs soient plus violentes que celles aux cheveux blonds que je sache, de mon vivant, je n’ai jamais vu de blé faire de mal à qui que ce soit, et c’est bien la couleur des champs, que je dis, le blond inoffensif que ces sales corbeaux noirs agressent et mordent à peu près tout ce qui bouge, les insectes comme les branches et les cuisses je pense, que l’exemple est éloquent je dis, que c’est comme les hommes aux cheveux raides sont plus raides que ceux frisés des frisés et ce n’est pas un salon de coiffure qui va y changer quoi que ce soit.

Je connais des tas de coiffeuses, mais aucune capable de faire changer le caractère d’une personne née bouclée, née noire ou blonde, il y a les méchants et les gentils quoi, ne me regardez pas comme ça, ce n’est pas comme si vous n’étiez pas au courant qu’il n’y a pas ce que vous avez dans la tête qui compte mais aussi ce qui pousse dessus, des chapeaux ou de la calvitie, tout ou rien, vous avez tout ou rien et c’est comme ça, vous êtes élégants ou vous ne l’êtes pas, aimés ou détestés, et si on vous déteste ça n’a rien à voir avec vos idées je dis, que c’est une question de goût. 

Je connais des coiffeuses qui préfèrent les cheveux noirs. Ça ne les rend pas méchantes pour autant. Ne me regardez pas comme ça, comme si je venais des océans, de chez les poissons aux réflexions tordues alors que pourtant, je ne viens pas de l’eau, je viens de l’air comme vous, je ne suis pas indifférent à ce que vous faites, et qu’est-ce que vous faites là, vous mangez du pain au fromage tous ensemble sans vous préoccuper de la barbe de l’un, des narines de l’autre, et je pense que c’est possible, que vous ne vous soyez jamais regardés au fond, comme un tas de corbeaux tous pareils, tous mangeurs de pain qui ne font que parler de proies, de destinations, de la date et de l'heure du prochain envol.

Vous picorez mes mots pour pouvoir en rire et me ridiculiser en public jusqu’au jour où vous en aurez marre de moi alors vos ailes s'ouvriront pour couvrir ma voix, je ne chanterai plus rien que les plumes que vous perdrez sur ma bouche, et quand vous n’aurez plus rien à bouffer, vous vous envolerez ailleurs et ne laisserez que mes os, mes arêtes et mes yeux de poisson dans la blondeur du blé qui lui me chatouillera, encore, naïf et con comme tous les amis que j'ai perdus.

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