1 juillet 2011

Sans centre



Vivre dans un univers qui n’a pas de centre, c’est un peu comme vivre nulle part, là ou là, et même si je suis là, que j’y sois ou pas, tout le monde s’en fout parce que les gens ne sont pas avec moi. Ils sont là-bas, autour d’autres centres qu’ils se sont inventés purs et clairs, amour et amitié. Peu importe où moi je suis, je ne fais jamais partie de là où ils gravitent, là où ils veulent, là où ils m’évitent. Dès que je les croise, ils font semblant de ne pas me voir et je ris pour qu’ils me remarquent mais eux, ils ne rient pas, ils croient que je ris d’eux alors ils rient de moi jusqu’à ce qu’enfin je ne rie plus et je pleure, comme une planète éjectée d’un système parce que bannie, trop moche, lâchée à des années lumières de leur lumière à eux que je suis trop faible pour m’en approcher. J’écoute plutôt le bruit de leur peau sur leur peau. Ils brament que l’amour est leur centre et ils baisent, et s’aiment, gravitationnels les uns sur les autres tandis que je cherche encore moi aussi un centre, moi aussi l’amour et si je suis trop laid, alors ça sera l’amitié, pourquoi pas, les verres claqueront quand même et si je suis chanceux, l’amitié soûle marchera toute croche et je finirai peut-être moi aussi dans un grand lit étincelant avec une bouche centrée sur ma bouche. J’aurai mon centre. Je sortirai la langue le temps qu’il faudra et quand les bouches se réveilleront de leur molle salive, elles me demanderont qui je suis et je devrai réfléchir, longtemps, pour répondre autre chose que n’importe qui.


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