7 juillet 2011

Les anges du malaître

Papa s’est dit merde je devrais te battre tu sais, tu mérites profondément de te faire battre, avec une chaise ou un couteau, une tondeuse ou un râteau, un foulard dans la gorge qu’on en finisse avec tes omoplates et ta chair rose.

Il était ivre joyeux, une pelle à la main et dans ses yeux, tous les objets tranchants ou pesants qu’il aurait pu prendre pour faire taire mes vagissements de bébé sale et il me criait sale bébé, je devrais te crever avec les dents d’une fourchette, comme ça jusqu’à ce que la différence entre un steak et ta chair soit claire, visible et sensible, de la couleur que tu voudras je m’en fous qu’il a dit, avant que tes dents à toi se mettent à pousser jusqu’à me mordre je vais te piquer, mon sale bébé, je vais te saigner comme un cochon de lait rose, rouge, et même ta mort bleue ne puera pas plus que ta couche pleine.

J’étais con de pleurer en brandissant mon hochet, et lui de rire avec sa pelle. Plus je pleurais, plus il riait. Comme si ça lui faisait du bien de voir quelqu’un souffrir à sa place, il disait, mon petit bébé rose, je vais t’apprendre à jouer avec des jouets d’adultes et c’est là que sa cigarette m’a brûlé le front. Moi le con, j’ai crié encore plus fort. La pelle m’a écrasé le cerveau et c’est là que maman est arrivée. Elle a pleuré, elle aussi. Papa lui a dit je t’assure que je n’ai pas tué le bébé. 

Ils se sont rassurés. Ils se sont consolés avec des bières et beaucoup de musique. Je n’ai pas entendu tout ce qu’ils ont dit mais, quand maman a crié dans la chambre, je pense qu’elle a voulu dire que tout était ben, ben correct.

Aucun commentaire: