22 avril 2012

Odeur de haie

L’odeur de la haie n’est pas comparable à celle de la maison, l’été, quand les armoires transpirent leur vaisselle et que les quartiers de lumière chauffent les planchers du salon. Le salon est parfumé d’une odeur sans odeur. Une odeur de chaud qui, d’origine inconnue, émane peut-être du cuir des divans ou des pieds qui s’y frottent. Le vent se faufile dans l’embrasure des fenêtres et bombe les rideaux, et fait respirer l'air au tapis.

Dehors, les ombres humaines noircissent l’herbe et s’épandent comme des taches d’huile sur l’asphalte sec. Dehors est une nausée. Tandis que les vraies odeurs de l’été se déploient en dedans, depuis le cadrage des portes jusqu’aux moulures qui suintent les moutons de poussière, moi, je suis prisonnier de l’extérieur. La haie a tant pué que je ne saurais dire ce qu’elle sent. Il faudrait que je rentre. Le vrai été ne se vit pas dehors. Il se vit en dedans, dans cette maison baignée d’odeurs subtiles que seuls mes souvenirs peuvent retracer.

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